* Les fédérations et Medef territoriaux partagés

* Des élections "très serrées" selon des membres du Medef

* Une bataille de style, selon Pierre Gattaz

par Caroline Pailliez

PARIS, 2 juillet (Reuters) - La course à la présidence du Medef entre dans sa dernière ligne droite lundi, ultime journée de campagne, avec en perspective un duel très serré entre Geoffroy Roux de Bézieux et Alexandre Saubot.

Des neuf prétendants initialement en lice, les deux hommes seront les seuls à briguer la succession de Pierre Gattaz le 3 juillet.

"C'est très serré. Ça n'a jamais été aussi serré", a déclaré Jean-Claude Volot, ancien vice-président du Medef. Ce soutien de Geoffroy Roux de Bézieux fait remarquer que lors des précédentes élections, les candidats se ralliaient la plupart du temps au favori.

L'assemblée générale du Medef qui élit le président de l'organisation patronale est constituée de 561 sièges. Les deux-tiers sont attribués aux fédérations et le tiers restant aux Medef territoriaux. Le candidat qui obtient la majorité absolue est élu.

Geoffroy Roux de Bézieux dit avoir obtenu officiellement le soutien de 22 fédérations et 85% des Medef territoriaux. Il a également obtenu le 11 juin l'assentiment du Conseil exécutif du Medef avec 22 voix sur 45, un vote à valeur symbolique. Son adversaire avait obtenu 16 voix, le reste ayant été attribué aux divers candidats alors en lice.

Alexandre Saubot pour sa part revendique le soutien de 310 membres de l'Assemblée nationale du Medef soit les "deux-tiers des fédérations". "L'avance que l'on a est non négligeable", a déclaré à Reuters Marie-Anne Barbat-Layani, directrice générale de la Fédération bancaire française qui a apporté son appui à l'ex-président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM).

Dans les faits, il est très dur de départager les deux candidats. Beaucoup de petites fédérations ne se sont pas encore prononcées et les plus grandes ne votent pas toujours d'une même voix.

Pour le président sortant, Pierre Gattaz, le vote se jouera sur la personnalité des deux candidats plutôt que sur leur programme. "90 % de leurs idées sont communes. Le corps électoral aura à choisir entre deux styles, l'un plus ingénieur et technique (Alexandre Saubot-NDLR), l'autre plus commercial et séducteur (Geoffroy Roux de Bézieux-NDLR)", a-t-il dit dans une interview publiée le 25 juin dans Le Figaro.

Les deux candidats réclament une baisse des dépenses publiques et des impôts de production pour aider les entreprises françaises à rattraper leur retard de compétitivité.

Ils souhaitent mettre en place un dialogue régulier avec les partenaires sociaux pour anticiper les mutations de l'environnement du travail.

Ils veulent également préparer les entreprises aux transformations numériques.

RASSEMBLER LES MEMBRES

Geoffroy Roux de Bézieux, fondateur d'un groupe actif dans l’industrie agro-alimentaire, les loisirs et les nouvelles technologies, qui a lancé Virgin Mobile en 2006, dit se démarquer sur ce dernier point.

"Les mutations technologiques seront notre fil rouge pendant ces cinq prochaines années", a-t-il dit à Reuters. "Les métiers vont changer, les entreprises vont changer, le rôle du travail va changer et donc quel que soit le sujet que l'on traite, il faut le traiter à l'aune de ce regard-là".

Il se positionne aussi pour un dialogue social décentralisé au niveau des branches et des entreprises. "Quand on veut discuter temps de travail, temps partiel, contrats, formation, ce n'est pas forcément pertinent de le faire à un niveau national", a-t-il déclaré aux membres de l'Association des journalistes économiques et financiers (AJEF).

Alexandre Saubot, président de l'entreprise familiale Haulotte, qui fabrique des matériels d'élévation et compte 1.700 salariés, souhaite faire de la formation et de l'apprentissage l'un des axes majeurs de son mandat.

"Il n'est pas normal que dans un pays à 9% de chômeurs les entreprises aient autant de mal à trouver les compétences dont elles ont besoin pour continuer à se développer", a-t-il dit à l'AJEF.

Il s'est donné pour objectif, dans les cinq ans, d'augmenter de 50% le nombre d'apprentis dans les entreprises.

Malgré les divisions que cette campagne a fait apparaître au sein du Medef, les partisans des deux candidats estiment qu'il ne sera pas difficile de rassembler les membres une fois le président élu. "Cela se ralliera. Le patronat n'est pas bâti comme la politique", a dit Jean-Claude Volot.

Pour Marie-Anne Barbat-Layani, les sensibilités au sein du Medef sont assez proches les unes des autres. "On est dans un univers réformiste, pas révolutionnaire. Tout le monde est convaincu qu'il faut recentrer le Medef. Il faudra se remobiliser après les élections pour se préparer aux réformes à venir", dit-elle en citant comme exemple la réforme de la formation professionnelle.