* 137.000 manifestants en France, 18.000 à Paris selon l'Intérieur

* 300.000 en France dont 35.000 à Paris, selon la CGT

* Participation de "Gilets jaunes" surtout en province

* Nouvelle journée d'action à la mi-mars (Avec chiffres ministère de l'Intérieur)

PARIS, 5 février (Reuters) - L'appel à la convergence des luttes de la CGT a trouvé mardi un léger écho chez les "Gilets jaunes" lors de la journée de grève organisée par le syndicat, sans que cela se traduise par une coagulation des conflits à même de faire plier l'exécutif.

Quelque 300.000 personnes selon les organisateurs, 137.000 selon le ministère de l'Intérieur, ont défilé en France avec pour slogans l'augmentation du smic, l'égalité salariale entre les hommes et les femmes ou encore la mise en place d'un impôt sur le revenu plus progressif.

A Paris, la manifestation a rassemblé 18.000 personnes selon la préfecture de police, 35.000 selon les organisateurs.

Il s'agit d'un regain de participation par rapport aux précédentes tentatives de convergence des luttes: l'appel du 1er décembre, qui coïncidait avec la troisième journée de mobilisation des "Gilets jaunes", n'avait réuni que quelque 2.000 personnes dans la capitale et la journée du vendredi 14 décembre 6.000 personnes, selon la préfecture de police.

Dans la plupart des cortèges, on pouvait apercevoir des "Gilets jaunes", comme l'avait espéré la CGT qui appelle à des rapprochements "partout où c'est possible".

A Lyon, où 4.300 personnes ont défilé selon la préfecture, 7.000, selon les syndicats, quelque 300 "Gilets jaunes" se sont joints au cortège, marchant derrière la banderole "Ensemble pour la conquête d’un avenir meilleur".

A Marseille, où 5.200 personnes ont été recensées par la police (55.000 par la CGT), des "Gilets jaunes" s'étaient glissés entre les militants de la CGT du bassin pétro-chimique de Fos-sur-Mer, les personnels des hôpitaux et les enseignants.

"UNE BONNE CHOSE" DIT MARTINEZ

"On est sur des revendications communes, il est donc normal de les porter ensemble même si chacun entend garder son identité", a dit Patrick, retraité du secteur bancaire engagé depuis le début, dit-il, dans le mouvement des "Gilets jaunes".

Près 4.000 personnes ont participé à la mobilisation à Bordeaux selon la préfecture (10.000 selon les organisateurs).

Quelques centaines de "Gilets jaunes" ont poursuivi la manifestation qui s'était achevée sur la place de la Bourse, et la police les a dispersés à coups de gaz lacrymogène.

Le taux de participation au mouvement de grève chez les enseignants était de 5,72%, selon l'Education nationale.

"On retrouve les 'Gilets jaunes' avec les syndicats, avec des étudiants et c'est plutôt une bonne chose", a dit le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, à Paris.

Il a précisé que cette journée n'était que le début de multiples contestations. "Il y aura des initiatives tous les jours et on essaiera de faire des temps forts les mardis", a-t-il dit. La CGT a déjà promis une nouvelle journée d'action nationale à la mi-mars.

SYNDICATS EN ORDRE DISPERSÉ

Il a par ailleurs salué l'appel des organisations de la "marée populaire" - Attac, Fondation Copernic, La France insoumise (LFI) ou encore le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) - à la convergence pour une meilleure "répartition des richesses", mais a émis des réserves.

"Que nous soyons soutenus par des organisations politiques, comme ça s'est fait, par des associations, c'est une très bonne chose. Mais, il faut que nos mobilisations restent sur des cadres syndicaux c'est-à-dire des revendications sociales."

La convergence est pourtant loin d'être faite, les syndicats eux-mêmes ne parvenant pas eux-mêmes à afficher leur unité.

"La CGT annonce sa journée avant tout le monde, pose ses revendications avant tout le monde. Ça n'aide pas toujours les discussions sereines", a dit mercredi dernier Christian Grolier, secrétaire général de FO Fonction publique, qui a organisé sa propre semaine d'actions du 3 au 7 février.

"La CGT n'a pas proposé cette journée de manière unitaire, elle a un peu mis ça dans le paysage et après chacun pouvait s'y raccrocher", a dit Eric Beynel, co-délégué général de Solidaires qui a néanmoins participé au mouvement en réponse aux appels de certains "Gilets jaunes" à la grève nationale.

Force ouvrière a refusé d'appeler à rejoindre la CGT au niveau confédéral mais a dit soutenir les fédérations et unions départementales qui participeraient à la mobilisation.

La CFDT refuse pour sa part toute mobilisation dans la rue. "Ce qu'on attend c'est des résultats", a dit lundi le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, sur France 2. "Et pour ces résultats, il y a parfois la nécessité de faire grève ou manifester et parfois il faut faire des propositions concrètes, c'est ce que fait la CFDT". (Caroline Pailliez, avec Catherine Lagrange, Jean-François Rosnoblet, Claude Canellas, Joanna Decorse et Emmanuel Jarry, édité par Sophie Louet)