* Le gouvernement veut "valoriser la prise de risque"

* Réduction d'impôt pour les dons maintenue avec l'IFI

* Il chiffre à 1,5 md la réforme du prélèvement forfaitaire unique

PARIS, 11 septembre (Reuters) - Le ministre de l'Economie annonce dans un entretien à paraître mardi dans Les Echos une baisse de la pression fiscale de l'ordre de 10 milliards d'euros en 2018 en France, légèrement inférieure aux 11 milliards évoqués en juillet par le Premier ministre.

"Les prélèvements pesant sur les ménages et les entreprises auront baissé d'environ 10 milliards d'euros fin 2018", déclare Bruno Le Maire.

"Le président de la République et le Premier ministre ont fait deux choix stratégiques. Le premier est d'engager la baisse des impôts dès le 1er janvier 2018, pour qu'elle puisse soutenir immédiatement la croissance et favoriser la création d'emplois", explique-t-il. "Le deuxième est de valoriser la création de richesses, la prise de risques, l'innovation."

En juillet, toujours dans Les Echos, Edouard Philippe avait déclaré que la pression fiscale serait réduite "de près de 0,6 point de PIB, soit un montant proche de 11 milliards. C'est un effort considérable".

Dans l'entretien à paraître mardi, Bruno Le Maire détaille plusieurs mesures, à commencer par la création du nouvel impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui concernera les patrimoines immobiliers supérieurs à 1,3 million d'euros.

En réponse aux inquiétudes de certaines associations et fondations, Bruno Le Maire précise que "la réduction d'impôt de 75% pour les dons sera maintenue avec l'IFI".

"Il est important de continuer à assurer le financement de certaines activités, notamment caritatives", explique-t-il.

PEL ET ASSURANCE-VIE

La réduction de l'impôt sur la fortune en cas d'investissement au capital des PME sera en revanche supprimée car ces entreprises "vont largement bénéficier de la libération et de la réorientation de l'épargne vers l'économie productive générée par notre réforme fiscale", dit Bruno Le Maire.

Interrogé sur le prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30%, Bruno Le Maire dit vouloir maintenir un système "simple et lisible" et non "recréer des usines à gaz".

"Le PFU s'appliquera aux intérêts, aux dividendes et aux plus-values de cession de valeurs mobilières. En revanche, nous maintenons les avantages des produits d'épargne populaire (livret A, LDD, épargne salariale) et des produits fortement investis en actions comme les PEA", détaille-t-il. "Enfin, les contribuables pourront toujours choisir l'imposition au barème, si c'est plus avantageux pour eux".

En ce qui concerne les plans d'épargne logement ouverts avant le 1er janvier 2018, les intérêts produits resteront exonérés d'impôt sur le revenu jusqu'au 12e anniversaire. Ils seront ensuite imposés au PFU. Pour les nouveaux plans ouverts à partir du 1er janvier 2018, les intérêts produits seront imposés au PFU dès la première année.

Bruno Le Maire se veut rassurant en ce qui concerne l'assurance-vie.

"Rien ne change pour les revenus produits par les versements antérieurs à la réforme, quel que soit leur montant. Après cette date, la fiscalité de l'assurance-vie sera préservée jusqu'à 150.000 euros d'encours nets, tous contrats confondus, pour une personne seule et 300.000 euros pour un couple", explique-t-il.

Le ministre chiffre à 1,5 milliard le coût budgétaire de la réforme du PFU, loin des quatre milliards avancés par l'OFCE, un chiffrage que Bruno Le Maire juge "exagéré et fantaisiste".

Il se garde en outre de toute prévision chiffrée quant aux gains attendus en terme de croissance des réformes fiscales prévues par le gouvernement.

Interrogé sur l'initiative de quatre pays européens - France, Allemagne, Italie, Espagne - visant à taxer les géants du net, Bruno Le Maire rappelle le projet défendu par Paris qui "consiste à imposer ces sociétés sur la base de leur chiffre d'affaires dans chaque pays".

Ce dispositif sera étudié cette semaine au Conseil des ministres informel des Finances à Tallinn, et Bruno Le Maire émet le souhait qu'il soit sur la table des chefs d'Etat et de gouvernement au Conseil européen de décembre. (Elizabeth Pineau, édité par Wilfrid Exbrayat)