PARIS, 30 janvier (Reuters) - Les deux "patrons" rivaux de l'UMP, Jean-François Copé et François Fillon, ont dénoncé mercredi à l'Assemblée nationale le projet de loi sur le mariage et l'adoption pour les couples homosexuels.

"Il ne suffit pas que deux personnes s'aiment pour que le mariage soit un droit. Car le mariage n'est pas seulement la 'sanctification' juridique d'une union privée. C'est une institution de la société", a lancé le président de l'UMP.

"Nous devons permettre à nos compatriotes homosexuels de vivre librement à égalité de droits avec les autres citoyens", a-t-il dit. "En même temps, nous devons protéger une institution essentielle à la société et à l'avenir de ses enfants qui est de fonder en droit la différence des générations sur la différence des sexes."

Pour le président de l'UMP "la voie radicale proposée par le gouvernement aujourd'hui ne permet pas de rendre compatible ces deux impératifs".

"Voilà pourquoi elle divise le pays, jetant l'une contre l'autre deux France également éprises de liberté et d'égalité. Voilà pourquoi je la récuse", a conclu Jean-François Copé.

Son rival à la présidence de l'UMP, François Fillon, a lui aussi dénoncé la réforme en des termes aussi fermes.

"Au nom de l'égalité, le gouvernement ouvre une boîte de Pandore et il sera difficile de la refermer", a lancé l'ancien Premier ministre.

"Derrière le mariage pour tous il y a le droit à l'enfant pour tous et par tous les moyens. Aujourd'hui la majorité nous dit qu'il n'en est rien mais très bientôt je ne doute pas que pour légitimer ce nouveau droit les motifs les plus généreux et les plus sincères seront alors employés", a-t-il poursuivi en faisant référence à la procréation médicalement assistée (PMA) et à la gestation pour autrui (GPA).

"La PMA et la GPA sont les horizons naturels de ce projet de loi", a affirmé François Fillon. "C'est la conséquence logique d'une quête effrénée de l'égalité absolue".

"MOMENT HISTORIQUE"

Pour l'ancien chef du gouvernement, avec ce projet de loi "nous entrons donc dans une spirale dont les répercussions risquent d'être lourdes et il est bien présomptueux de penser que nous pouvons légiférer sans avoir la main qui tremble".

"Ce projet divise la France au moment où elle devrait être rassemblée et il pose les jalons d'une société où le droit et le désir des adultes passeront avant ceux des enfants", a affirmé l'orateur.

Enfin le député de Paris a mis en garde le gouvernement et sa majorité s'ils décidaient d'introduire la PMA et la GPA qualifiées de "lignes rouges".

"Si ces lignes rouges étaient franchies, il serait du devoir de l'opposition d'avertir qu'à l'heure de l'alternance nous réécririons la loi pour stopper cette dérive parce qu'elle consacrerait une régression de notre conscience humaine", a-t-il averti.

Auparavant, Franck Riester, un des rares députés UMP décidés à voter la réforme, était intervenu pour soutenir ce projet de loi. "C'est un moment historique, je voterai ce texte", a-t-il dit.

La journée de jeudi étant consacrée à l'examen de plusieurs propositions de loi du groupe écologiste, ce n'est que vendredi que devrait commencer l'examen de la vingtaine d'articles que compte le texte et des quelques 5.000 amendements déposés.

Ce n'est que samedi que les députés devraient entrer dans le vif du sujet avec l'article premier, celui qui supprime l'exigence de la différence des sexes comme condition du droit au mariage.

L'examen du projet de loi qui a commencé mardi est prévu sur une durée de deux semaines, un vote solennel sur l'ensemble du projet de loi étant prévu le mardi 12 février. (Emile Picy, édité par Marine Pennetier)