PARIS, 4 mars (Reuters) - Pierre Gattaz appelle Muriel Pénicaud à "s'inscrire dans la logique de l'accord" sur la formation professionnelle signé par les partenaires sociaux, alors que la ministre du Travail doit présenter lundi une réforme de la formation professionnelle qu'elle décrit comme un "big bang".

Ce terme "inquiète, forcément", observe le président du Medef dans une tribune titrée "faites le big, pas le bang !" publiée dans le Journal du Dimanche.

"On peut considérer qu'on ne va pas assez loin et demander qu'on amplifie les améliorations indispensables (faire le big), mais il nous paraît délicat de vouloir à nouveau tout changer sans concertation (faire le bang)", estime Pierre Gattaz.

Selon lui, une transformation radicale de la formation professionnelle a déjà eu lieu en 2013, avec la création du compte personnel de formation (CPF) et l'évolution du fonctionnement des organismes mutualisant le financement du système.

Le texte signé la semaine dernière par les partenaires sociaux s'inscrit dans la continuité de la réforme de 2013, observe-t-il en concédant que "sûrement beaucoup de choses" peuvent encore être améliorées, comme par exemple l'évaluation de la qualité des formations, ou encore la rationalisation et la simplification du système.

Cet accord prévoit notamment un accompagnement renforcé des salariés, un compte personnel de formation (CPF) abondé de 35 heures par année avec un plafond de 400 heures, une révision complète du système de certification d'ici trois ans ainsi qu'une mutualisation des fonds pour les TPE-PME.

La ministre du Travail a salué les avancées sur les droits des salariés mais a estimé que ce texte ne s'attaquait pas à la complexité de l'architecture du système.

"Soyons pragmatiques et évitons tout dogme", dit Pierre Gattaz en rappelant que les entreprises et les salariés sont les premiers concernés par la formation professionnelle.

"Faire sans eux, ou contre eux, serait une erreur", prévient-il en soulignant que faute de suivre leurs propositions, "on court le risque de voir (...) un gel des investissements en formation le temps que les acteurs retrouvent leurs marques."

Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, a également appelé samedi Muriel Pénicaud à garantir les nouveaux droits fixés dans l'accord signé par les syndicats et le patronat.

"Attention qu'à vouloir changer la gouvernance de ce système, on ne se mette pas davantage à travailler sur la tuyauterie que sur le réel des gens", a-t-il dit sur France inter.

La réforme de la formation professionnelle constituera l'un des trois volets, avec celles de l'assurance-chômage et de l'apprentissage, d'un projet de loi que Muriel Pénicaud présentera en conseil des ministres dans la seconde quinzaine d'avril. (Myriam Rivet, édité par Danielle Rouquié)