* Le nouveau premier secrétaire préside son premier congrès

* Il appelle à une opposition "résolue et responsable" à Macron

* "Obligation" de rassemblement au sein d'un PS à l'agonie

PARIS, 8 avril (Reuters) - Olivier Faure, nouveau premier secrétaire du Parti socialiste, a engagé dimanche le 78e congrès du PS sur le chemin de la "renaissance" d'une famille politique en lambeaux depuis ses défaites électorales du printemps 2017.

S'appuyant d'emblée sur l'exemple du congrès d'Epinay de 1971, qui mena François Mitterrand à la victoire dix ans plus tard, le député a appelé au rassemblement derrière l'idée d'une "opposition aussi résolue que responsable" à la politique "et de droite et de droite" d'Emmanuel Macron.

"C'était il y a 47 ans. Déjà on nous voyait plus morts que vifs, c'était à Epinay. (Ce congrès) fut le point de départ d'une renaissance", a-t-il déclaré à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) devant un parterre où l'on reconnaissait les anciens Premier ministres Jean-Marc Ayrault et Bernard Cazeneuve, l'ex-ministre Najat Vallaud-Belkacem ainsi que les candidats malheureux à la tête du PS Stéphane Le Foll, Emmanuel Maurel et Luc Carvounas.

"Les grandes idées ne meurent jamais, alors ayons confiance en nous", a ajouté Olivier Faure dans ce discours de clôture de plus d'une heure et demie. "Soyons fiers de notre histoire et de ce que nous sommes".

Repoussant la perspective d'un parti "promis à une extinction lente mais assurée", le député a mis en avant une volonté de transformation et une soif de justice "intactes" dans un pays où les socialistes au pouvoir depuis cinq ans ont été balayés l'an dernier par La République en marche.

"Le résultat dix mois plus tard c'est que le gouvernement transforme la République en marché", a lancé le nouveau chef de file du PS, fustigeant "un régime où le président dirige seul, épaulé par une start-up de conseillers", où les prérogatives du Parlement ont été transférées "à quelques hauts fonctionnaires".

"Un pouvoir qui veut aller vite, très vite, mais qui fait tourner la démocratie au ralenti", a-t-il déploré.

DÉFI EUROPÉEN

En pleine grogne sociale, notamment à la SNCF, il a invité le PS à se placer "auprès de ceux qui gagnent peu et perdent toujours face aux premiers de cordée", qu'il s'agisse des agriculteurs en difficulté, des chômeurs ou des fonctionnaires.

Il a aussi invité ses troupes à réfléchir à des questions de fond, tels que les enjeux écologiques.

Dans un long chapitre consacré à l'Europe, Olivier Faure a appelé, via des assises des gauches européennes, à un sursaut face aux options aujourd'hui sur la table.

"Soit le populisme de gauche ou de droite, au choix, soit le projet libéral, l'adaptation à la mondialisation, soit le chemin, le choix progressiste, le nôtre, celui qui s'appuiera sur la mobilisation citoyenne", a-t-il dit. "Sans cette perspective, notre renaissance ne serait qu'un feu de paille".

Relevant "l'obligation" de rassemblement du PS qui compte aujourd'hui 31 députés et 102.000 militants, Olivier Faure a appelé le parti à tourner le dos aux déchirements du passé entre différents courants, des "jospinistes" aux "hollandais" en passant par les "hamonistes" et les "strauss-kahniens".

"Ces 'istes', ces 'iens', ces 'ais' sont notre histoire mais, avouons-le, ils sont devenus aujourd'hui un peu notre boulet", a-t-il dit. "Il n'y aura pas de 'fauriste' ou de 'faurien', il y aura juste des socialistes."

Alors qu'une partie des troupes socialistes a rejoint La République en marche, la France insoumise et le mouvement de l'ancien candidat du PS à l'élection présidentielle Benoît Hamon, Olivier Faure a dit son souhait de tout réorganiser.

"Pendant des années, je me suis tu mais je n'en pensais pas moins", a dit celui qui a adhéré au PS à 17 ans, occupé de hautes fonctions au parti, sans être jamais ministre. "Je suis le fruit de ce parcours, de notre histoire".

Olivier Faure a notamment annoncé un futur secrétariat national d'une vingtaine de personnes avec "beaucoup de têtes nouvelles, une parité effective". Il a dit son intention d'être "intraitable" avec les pratiques frauduleuses, le sexisme, toute forme de discrimination, violences faites aux femmes. (Elizabeth Pineau, édité par Caroline Pailliez)