* Au moins 10 morts et 7 disparus, des pillages à Saint-Martin

* "Un défaut d'anticipation" de la part de l'Etat, pointe Ciotti

* Pas d'inconvénient à créer un commission d'enquête, dit Collomb

* Macron attendu à Saint-Martin mardi avec des renforts (Actualisé avec Collomb)

PARIS, 10 septembre (Reuters) - Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est prononcé dimanche soir en faveur de la création d'une commission d'enquête parlementaire sur la manière dont les autorités gèrent la situation à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy, territoires français dévastés par le passage de l'ouragan Irma mercredi dernier.

Plusieurs voix de l'opposition ont réclamé dimanche la création de cette commission, afin de faire le bilan, tout en dénonçant un manque de préparation du gouvernement.

"Le temps n'est pas aux polémiques, il est aujourd'hui à l'action", leur a répondu Gérard Collomb dans la cour de l'Elysée, à l'issue d'une réunion de crise avec le chef de l'Etat.

"Après, on pourra toujours évaluer ce qui a été fait, et comme vous le savez, nous sommes toujours pour l'évaluation de ce qui a été réalisé et donc nous ne voyons aucun inconvénient à ce que des commissions parlementaires puissent être créées", a-t-il ajouté.

Selon un bilan provisoire, Irma a fait dix morts et 112 blessés dans la partie française de Saint-Martin et à Saint-Barthélemy. Sept personnes sont portées disparues.

"L'ÉTAT N'ASSUME PAS SON RÔLE"

Plus tôt dans la journée, l'opposition avait dénoncé "un défaut d’anticipation", faisant le parallèle avec les Etats-Unis, où plusieurs millions de personnes ont été évacuées de manière préventive avant l'arrivée d'Irma dimanche soir.

"On peut toujours faire plus, mais c'est une île. On ne peut pas, comme en Floride, organiser une évacuation, parce que ce n'est pas possible d'évacuer 80.000 personnes en 48 heures", s'est défendu le porte parole du gouvernement, Christophe Castaner, lors du "Grand Rendez-vous d’Europe1/Les Echos/CNews".

L'opposition s'est aussi interrogée sur le manque de policiers et de gendarmes pour assurer le maintien de l'ordre sur les deux îles après le passage d'Irma, où des scènes de violences et de pillages ont eu lieu.

"Il y a une défaillance de l'Etat à Saint-Martin et Saint Barthélemy, car le phénomène était attendu. Il y a aujourd'hui, on le constate, un défaut d'anticipation", a ainsi déclaré le député Les Républicains Eric Ciotti, pour qui "l'Etat n'assume pas son rôle".

"Il faut un retour d'expérience et je pense qu'une commission d'enquête parlementaire doit être mise sur pied pour établir si l'anticipation a été bien menée, après que le temps du secours soit passé", a ajouté le député des Alpes-Maritimes lors du Grand Jury LCI-Le Figaro-RTL.

Même son de cloche du côté du vice-président du Front national, Florian Philippot, qui a aussi réclamé sur LCI une enquête "sur la préparation de l'Etat face à Irma".

Plus mesuré, Jean-Luc Mélenchon, président du groupe de La France insoumise à l'Assemblée, a tout de même demandé, sur France 3, une enquête parlementaire "pour faire le bilan de toute cette affaire".

MACRON À SAINT-MARTIN MARDI

Dimanche, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a une nouvelle fois promis de projeter sur les deux îles des moyens extrêmement importants.

"Nous avions 1.100 personnes sur place avant l'arrivée du cyclone José. Nous en avons aujourd'hui 1.500 et dans les deux jours qui viennent, nous en auront 2.000", a-t-il indiqué.

"L'ordre a été rétabli dans l'île de Saint-Martin, avec l'arrivée à la fois de gendarmes, de policiers", a ajouté le ministre de l'Intérieur.

Le président de la République, Emmanuel Macron, est attendu mardi matin à Saint-Martin avec du matériel et du renfort, tandis que le Premier ministre doit définir un plan pour la reconstruction des deux îles.

"Pourquoi toutes ces mesures n'ont-elles pas été prises avant ?", s'interrogeait un peu plus tôt le député du Front national Gilbert Collard.

"Quand on a des pouvoirs d'Etat, on doit toujours aller au-delà du prévisible dans la catastrophe. Il y a un manque de maturité, un manque de sens du déploiement de l'Etat", a-t-il ajouté sur BFM TV. (Cyril Camu, édité par Tangi Salaün)