PARIS, 12 septembre (Reuters) - La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, déclare dans une interview au quotidien économique Les Echos se fixer pour objectif de réduire la population carcérale de 8.000 personnes grâce au plan pénitentiaire qu'elle présentera mercredi.

Elle veut pour ce faire s'appuyer sur une nouvelle politique des peines, favorisant les alternatives aux détentions courtes, promise en mars par le chef de l'Etat Emmanuel Macron dans le cadre d'une loi qui sera examinée le mois prochain par le Sénat, et sur une meilleure préparation à la libération.

Le nombre de détenus a atteint en juillet en France un record, avec près de 71.000 personnes incarcérées.

"On fait de l'emprisonnement la peine de référence unique, ce qui est inefficace quand elle est de courte durée", explique la garde des Sceaux dans les Echos. "En-dessous de six mois, elle désocialise plus qu'elle ne réinsère."

"Nous allons promouvoir d'autres types de peines comme la détention électronique ou le travail d'intérêt général", ajoute Nicole Belloubet, qui installera le mois prochain l'Agence de travail d'intérêt général et de travail pénitentiaire.

Cette structure, adossée à une plateforme numérique, doit selon elle "dynamiser" l'offre de postes.

La prochaine loi justice permettra également de décaler de quelques jours l'entrée en détention d'un condamné dans un établissement momentanément saturé ou, au contraire, sous certaines conditions, d'avancer de quelques jours la libération de détenus, explique également Nicole Belloubet.

Selon Le Parisien, l'emprisonnement sera par ailleurs banni en-dessous d'un mois, comme le proposait en mars Emmanuel Macron dans un discours prononcé devant les élèves de l'Ecole nationale d'administration pénitentiaire.

"Prise globalement, la nouvelle politique des peines permettra de faire reculer la surpopulation carcérale (...) de 8.000 personnes une fois mise en place", estime la ministre dans son entretien aux Echos.

Elle annonce par ailleurs la construction d'ici 2022 de quelque 2.000 places dans des "structures d'accompagnement vers la sortie", qui seront implantées en ville, et la livraison de 7.000 autres places, dans les autres établissements.

Elle confirme parmi d'autres mesures la mise en place d'unités "étanches" pour les détenus repérés pour radicalisation islamiste, afin d'"éviter le prosélytisme".

Nicole Belloubet entend par ailleurs renforcer les possibilités de travailler en prison, où le taux d'occupation des détenus ne dépasse pas aujourd'hui 30%, souligne-t-elle.

"Tous les établissements pénitentiaires que nous allons construire comprendront des lieux pour la formation et pour le travail", promet la garde des Sceaux.

Deux établissements expérimentaux d'environ 180 places chacun seront par ailleurs conçus et réalisés avec des entreprises partenaires, qui fourniront du travail aux détenus.

La ministre confirme enfin la création de 1.100 emplois supplémentaires de surveillants et de 1.500 postes dans les services d'insertion et de probation pour mettre en oeuvre la nouvelle politique des peines. (Emmanuel Jarry, édité par Jean Terzian)