* Deux syndicats appellent à des actions à partir de lundi

* La ministre les recevra "dans les prochains jours"

* Une agression survenue jeudi à Vendin-le-Vieil

* Un malaise chronique (Actualisé au long avec communiqués des syndicats et du ministère)

PARIS, 12 janvier (Reuters) - Deux syndicats de gardiens de prison, l'Ufap-Unsa Justice et la CGT pénitentiaire, ont appelé vendredi à un "blocage total" des lieux de détention à partir de lundi pour exprimer leur colère après l'agression à l'arme blanche survenue à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais).

Les deux organisations, respectivement les premier et le troisième syndicats parmi les surveillants, "appellent l'ensemble des personnels (...) à participer aux actions de blocage total des structures à compter de lundi", peut-on lire dans un communiqué conjoint.

Ils demandent à être reçus "sans délai" par la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, qu'ils exhortent à "mettre un terme à l'absence de considération et de moyens en matière de sécurité au sein des établissements pénitentiaires".

Le ministère de la Justice a fait savoir que les syndicats seraient reçus samedi par le cabinet de Nicole Belloubet puis, "dans les prochains jours", par la ministre en personne.

La garde des Sceaux, qui se rendra également à Vendin-le-Vieil mardi, a par ailleurs "diligenté (...) une inspection pour faire la lumière sur les conditions et les circonstances ayant conduit à cette agression", lit-on dans un communiqué de la chancellerie.

L'attaque commise jeudi par un détenu converti à l'islam radical, qui a blessé trois gardiens de prison, a ravivé un malaise chronique parmi les agents.

DÉBRAYAGES

Dès jeudi, "plus d'un tiers" des 188 établissements du pays ont été perturbés par des débrayages de 15 à 20 minutes, selon un décompte de la direction de l'administration pénitentiaire.

"Il y a de la haine, il y a un ras-le-bol, il y a de l'aigreur. Nos collègues vont bosser avec la boule au ventre", s'insurge Jean-François Forget, de l'Ufap-Unsa Justice, joint par Reuters.

"Aujourd'hui, c'est l'émotion et la solidarité des personnels qui s'expriment de différentes manières", ajoute-t-il. "A compter de lundi, ça sera un mouvement organisé qui visera le blocage des établissements."

"Ça fait trop longtemps que ça traîne, qu'on nous promet des choses et que rien n'est appliqué", a pour sa part déclaré Yoan Karar, secrétaire général adjoint FO, la deuxième organisation de gardiens de prison, qui ne s'est pour l'heure pas jointe au mouvement de la semaine prochaine.

L'auteur de l'agression de jeudi avait été condamné en 2009 à 18 ans de prison pour complicité dans l'attentat contre une synagogue de Djerba, qui avait fait 21 morts en Tunisie en 2002, et il était libérable dans les prochaines semaines.

Son profil nécessitait une surveillance particulièrement étroite, selon l'administration pénitentiaire : il était détenu dans un établissement très sécurisé, avec un taux d'occupation de 44% au 1er décembre dernier, et devait être escorté par quatre gardiens lors de ses déplacements au sein de la prison.

Jeudi soir, il a été placé en garde à vue pour "tentatives d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste", a-t-on appris vendredi de source judiciaire. (Simon Carraud et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)