* Macron qualifie les Le Pen et leurs proches de "ventriloques"

* Il reproche à François Fillon de crier au complot

* Il plaide pour la transparence en politique

par Catherine Lagrange

LYON, 4 février (Reuters) - Emmanuel Macron est passé samedi à l'offensive contre Marine Le Pen, au moment où la présidente du Front national dévoilait son projet présidentiel dans la même ville de Lyon, et fait la leçon à François Fillon, pris dans les filets du "Penelopegate".

"Certains prétendent aujourd'hui parler au nom du peuple mais ce ne sont que des ventriloques", a lancé l'ex-ministre de l'Economie devant 8.000 personnes, tandis que plusieurs milliers d'autres l'écoutaient devant un Palais des sports bondé.

"Ils prêtent aux Français des valeurs qui ne sont pas les leurs, ils trahissent la liberté en rétrécissant notre horizon, ils trahissent l'égalité en décrétant que certains sont plus égaux que d'autres, ils trahissent la fraternité car ils détestent les visages qui ne leur ressemblent pas."

"Ils ne parlent pas au nom du peuple, ils parlent au nom de leurs aigreurs, ils ne parlent pas pour le peuple, ils parlent pour eux-même, de père en fille, de fille en nièce", a-t-il ajouté. Une allusion à Marine Le Pen, à son père Jean-Marie et à sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen.

Emmanuel Macron, candidat hors parti dont la démarche a longtemps laissé sceptiques dirigeants politiques de tous bords et observateurs, fait désormais salle comble à chacun de ses meetings et grignote des points dans les sondages, alors que se multiplient les ralliements à son mouvement, "En Marche !".

Les dernières enquêtes sur les intentions de vote le placent en deuxième position au premier tour de la présidentielle, devant le candidat de la droite, François Fillon, et en position de challenger de Marine Le Pen, en tête.

"Ce soir nous leur répondons ensemble, à ceux qui ne croient plus rien, aux cyniques, aux défaitistes, aux déclinistes qui les entourent, nous leur disons : le meilleur est devant nous, le meilleur est à nous", a-t-il conclu.

Il avait auparavant évoqué, sans citer nommément François Fillon, les soupçons d'emplois fictifs dont auraient bénéficié l'épouse et deux des enfants du candidat de la droite.

Emmanuel Macron a plaidé pour la transparence en politique, à un moment, a-t-il dit, "où les scandales chaque jour dévoilent les pratiques d'un autre âge".

"NE SIFFLEZ PERSONNE"

Dans un Palais des sports surchauffé, il a interrompu les sifflets qui ont commencé à retentir dès qu'il a fait allusion à la polémique qui affaiblit François Fillon, au point que son propre camp envisage son retrait de la course à l'Elysée.

"Ne sifflez personne, soyez graves dans ces moments parce que ce qu'il se passe dans notre vie politique et médiatique n'est bon pour personne", a-t-il lancé à ses partisans.

"Parce que notre combat c'est de tout faire pour que ce qu'il se passe ne bénéficie pas avant tout au parti du Front national, dont les pratiques n'ont rien à envier à celles et ceux qu'ils dénoncent, bien au contraire."

L'ancien ministre de l'Economie a dit sa crainte que s'installe en France la "lèpre démocratique" qu'est la défiance à l'encontre du monde politique.

"Notre combat, c'est de restaurer, en même temps que nous nous battons pour nos idées, la dignité de la vie publique", a-t-il dit. "Pour cela nous aurons une exigence de transparence."

"Ne parlons pas les uns et les autres de complot", a-t-il ajouté en faisant allusion à la ligne de défense de François Fillon, qui dénonce une "chasse à l'homme" destinée à l'empêcher d'être candidat à la présidentielle.

Emmanuel Macron en a appelé à la responsabilité des médias, qui doivent avoir "une exigence de vérité" mais aussi à la responsabilité politique, qui ne peut faire comme si la volonté de transparence "serait le complot ourdi par un camp".

Quand ils font cela, les responsables politiques "mêlent l'indignité aux difficultés qu'ils vivent", a fait valoir l'ex-ministre de l'Economie, qui a aussi plaidé pour une "exigence de bienveillance" dans laquelle il voit une "hygiène démocratique".

Emmanuel Macron a dû lui-même démentir il y a quelques mois des rumeurs sur sa vie privée et se défendre plus récemment d'avoir utilisé des frais de représentation, quand il était à Bercy, pour lancer son mouvement, "En Marche !".

"On me demandera, on l'a déjà fait, on le fera encore, des explications sur bien des choses", a-t-il dit.

"Si elles sont fausses, j'expliquerai pourquoi, si elles sont justes, vous en tirerez les conclusions", a-t-il ajouté, comme pour préparer ses partisans à l'éventualité de nouvelles rumeurs sur son compte. (édité par Emmanuel Jarry)