* Premier au premier tour, il est soutenu par Montebourg

* Représentant de l'aile gauche du PS et critique du quinquennat

* Ministre de l'Education nationale après un passage à Bercy

par Elizabeth Pineau et Jean-Baptiste Vey

PARIS, 22 janvier (Reuters) - Arrivé en tête du premier tour de la primaire dimanche, Benoît Hamon brigue l'Elysée sur une ligne "à gauche toute" en rupture avec la politique menée par le gouvernement de Manuel Valls, son adversaire au second tour dimanche prochain.

Ephémère ministre de l'Education nationale après un passage à Bercy comme ministre délégué, il a reçu dimanche le soutien d'Arnaud Montebourg, troisième du premier tour de la primaire.

"Avec Benoît Hamon, nous avons combattu ensemble dans le gouvernement les politiques social-libérales aujourd'hui désavouées par les électeurs de la primaire", a dit Arnaud Montebourg, portant une vive attaque à Manuel Valls.

Les désaccords entre Benoît Hamon et Manuel Valls ont constitué le coeur de la campagne de la primaire, avec l'idée de "revenu universel" du premier face à un Manuel Valls défendant la valeur travail et favorable à la défiscalisation des heures supplémentaires instaurée par Nicolas Sarkozy et annulée par François Hollande.

Une fracture est également apparue dans les débats sur la politique menée par le gouvernement de Manuel Valls pour répondre à la crise des migrants et la légalisation du cannabis.

Défenseur également du droit de vote des étrangers, de la transition écologique ou de la reconnaissance des bulletins blancs ou nuls, le programme de Benoît Hamon "Faire battre le coeur de la France" se veut sans ambiguïté face à une ligne gouvernementale jugée trop libérale.

DÉBARQUÉ DU GOUVERNEMENT AVEC MONTEBOURG

Débarqué du gouvernement à la veille de la rentrée scolaire, il a alors payé comme Arnaud Montebourg le prix du désaccord ouvertement exprimé avec la politique de l'offre de Manuel Valls.

Benoît Hamon avait auparavant été ministre de l'Economie sociale et solidaire et de la Consommation dans le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, un poste où ses amis comme ses détracteurs avaient remarqué sa relative discrétion face au virage social-démocrate de François Hollande.

Une politique de "drauche", selon un néologisme inventé par Benoît Hamon lui-même.

Agé de 49 ans, ce breton portant caban, député des Yvelines mais vivant à Paris, est né en politique sous la tutelle de Lionel Jospin et Martine Aubry.

Licencié d'Histoire, il devint en 1991 assistant parlementaire du député socialiste de Gironde Pierre Brana. Il participe à la fondation du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), qu'il présida de 1993 à 1995.

Il fut conseiller pour la jeunesse de Lionel Jospin, lorsque celui-ci était premier secrétaire du PS, de 1995 à 1997.

Martine Aubry fut en quelque sorte sa "marraine" en politique, même si la maire de Lille s'est gardée de le soutenir ouvertement.

En 1997, Benoît Hamon entre au cabinet de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité comme conseiller technique chargé de l'emploi des jeunes, puis comme conseiller chargé des affaires politiques (1998-2000).

Passé brièvement par le privé, au sein de l'institut de sondage Ipsos de 2001 à 2004, il devient conseiller municipal de Brétigny-sur-Orge (Essonne) en 2001, jusqu'en 2008.

Il fonde en 2002 le courant "Nouveau Parti socialiste" (NPS) avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, une alliance qui implose lors du congrès du PS au Mans en novembre 2005.

Nouveaux désaccords lors de la primaire du PS pour la présidentielle de 2007 : Arnaud Montebourg et Vincent Peillon soutiennent Ségolène Royal, Benoît Hamon choisit Laurent Fabius.

Lors du congrès de Reims, en 2008, il porte la motion "Un monde d'avance", avec notamment Jean-Luc Mélenchon qui démissionnera pour créer le Parti de gauche. Cette motion, qui rassemble la gauche du parti, obtient 18,52% des suffrages.

En 2009, il est battu lors des européennes, perdant son seul mandat. "Le stade ultime du non-cumul des mandats", plaisante alors cet adepte de Twitter et des sorties pince-sans-rire.

Benoît Hamon a été porte-parole du Parti socialiste de 2008 à 2012, date de son élection comme député de la onzième circonscription des Yvelines. (avec Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)