* Fillon fustige le discours "très agressif" de Trump

* Il veut un partenariat d'égal à égal avec l'Allemagne

* Pour une conférence Europe-Russie sur la sécurité

PARIS, 22 janvier (Reuters) - François Fillon propose, à la veille d'un déplacement à Berlin, une "alliance européenne de défense" à côté de l'Otan, avec la création d'un fonds qui mutualise et finance les dépenses d'intervention extérieure.

Dans un entretien au Monde et à la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le candidat de la droite pour l'élection présidentielle de 2017 estime que le discours "très agressif" du président américain Donald Trump oblige l'Europe à "s'organiser".

"L'existence d'une alliance de défense transatlantique n'est pas obsolète, elle est même nécessaire. Mais elle n'est en rien une protection contre le totalitarisme islamique", déclare François Fillon. "Je ne propose pas une défense européenne intégrée, mais une alliance européenne de défense."

"Il faut mettre en commun des moyens, bâtir une industrie européenne et créer un fonds qui mutualise et finance les dépenses d'intervention extérieure", ajoute-t-il.

François Fillon aborde lundi l'angle international de sa campagne en se rendant à Berlin afin d'exposer à Angela Merkel ses propositions de relance de l'alliance franco-allemande au service d'une Union européenne "resserrée" sur la zone euro avec un agenda d'harmonisation fiscale, perspective qui n'a guère les faveurs de la chancelière.

"La relation franco-allemande est absolument fondamentale. Rien ne se construira en Europe sans son impulsion", explique-t-il dans son entretien aux quotidiens français et allemand. "Je fais donc le choix de son renforcement, dans un partenariat d'égal à égal."

Interrogé sur le protectionnisme annoncé de l'Américain Donald Trump, l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy qualifie son discours de "très agressif".

CONFÉRENCE EUROPE-RUSSIE SUR LA SÉCURITÉ

"L'Europe est prévenue", juge-t-il. "Elle doit donc s'organiser face à une politique américaine qui ne nous fera pas de cadeaux. Cela suppose, plus que jamais, une initiative européenne."

Au sujet de la Russie, "pays immense qu'on ne peut pas traiter avec légèreté", François Fillon estime que deux options s'offrent à la France : trouver un accord avec elle, ou "l'affronter".

"Qui peut raisonnablement vouloir entrer en conflit avec la Russie? Penser qu'on va faire plier le peuple russe en lui imposant des sanctions économiques est naïf", dit-il, appelant à une refondation de la relation entre Paris et Moscou.

Et de proposer un "nouveau partenariat économique avec la Russie" ou encore l'organisation d'une conférence Europe-Russie "sur les nouvelles conditions de sécurité en Europe".

"Je constate avec gravité la dérive russe", dit le candidat de la droite pour l'élection présidentielle de 2017, qui estime toutefois que la "démarche russe a évité que l'Etat islamique prenne le pouvoir à Damas".

"Est-ce qu'on peut ramener la Russie à des positions plus raisonnables ? Je n'en sais rien mais il est impératif d'essayer !"

Quant à la gestion de la crise des réfugiés, que Donald Trump a qualifié de "catastrophique" concernant l'Allemagne d'Angela Merkel, François Fillon déclare qu'il ne donnera "pas de leçon" à Berlin.

"Mais il doit être clair que la France n'acceptera pas d'accueillir davantage de réfugiés", ajoute celui qui a pour projet de réduire l'immigration "au strict minimum" en France via des quotas, et qui se dit ici opposé aux quotas européens de répartition des demandeurs d'asile.

L'ex-Premier ministre se fixe par ailleurs pour objectif d'être "aussi proche que possible de 3%" de déficit public en 2018, "avec un objectif de zéro déficit en 2022". (Chine Labbé, édité par Jean-Stéphane Brosse)