Madrid (awp/afp) - L'Espagne a vu son taux de chômage repartir à la hausse au premier trimestre à 16,7%, dans une économie dont le dynamisme est fragilisé par une grande dépendance aux emplois temporaires, touristiques en particulier.

Ce type de rebond est habituel en Espagne en début d'année, une période où prennent fin de nombreux contrats saisonniers dans le tourisme, après les congés de Noël.

Mais cette hausse de deux décimales - fin décembre, le taux de chômage atteignait 16,5% - est la plus importante depuis 2014. Début 2013, il avait frôlé les 27%, avant de commencer à refluer.

L'Espagne, qui vient d'enchaîner trois années de croissance supérieure à 3%, reste en matière de chômage le plus mauvais élève de la zone euro après la Grèce.

"Nous sommes dans une situation qui se prolonge au fil du temps dans notre pays, qui est que la création d'emploi est très saisonnière", a souligné Pepe Alvarez, secrétaire général d'UGT, l'un des principaux syndicats.

"L'emploi qui se crée est de mauvaise qualité, (...) il est lié à des éléments extérieurs à la situation économique propre du pays, à la conjoncture internationale, au niveau des taux d'intérêt, et cela peut prendre fin un jour ou l'autre", a-t-il ajouté.

L'Institut national de la statistique (INE) recense un total de 3,79 millions chômeurs dans la quatrième économie de la zone euro.

Au premier trimestre, 91'300 personnes ont perdu leur emploi dans le secteur des services, mais aussi 8600 dans l'industrie, 7600 dans l'agriculture et 6.300 dans la construction.

"Même si cette année la célébration de la Semaine sainte (qui correspond à un pic d'emplois touristiques) a eu lieu pendant le premier trimestre, son effet positif sur le marché du travail n'a pas suffi à inverser la tendance d'un premier trimestre qui est traditionnellement mauvais", a constaté Andreu Cruañas, président de la patronale d'entreprises d'intérim As Empleo, interrogé sur la radio nationale.

NOMBREUX CONTRATS TEMPORAIRES

Le taux de salariés en contrat temporaire, dont l'Espagne détient le record d'Europe, a légèrement reculé mais reste au niveau très élevé de 26,1%.

Le pourcentage de chômeurs de longue durée (plus d'un an) est en hausse et représente près de 50% du total, soit environ 1,8 million de personnes.

Sur un an, le taux de chômage, qui atteignait 18,7% fin mars 2017, a néanmoins nettement reculé, avec environ 470'000 chômeurs de moins, dont une grande majorité dans les services, tourisme en tête.

Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy espère atteindre le même nombre de créations d'emplois cette année pour abaisser fin décembre le taux à 15%. Son objectif est que 20 millions d'Espagnols disposent d'un emploi en 2020.

La croissance devrait encore se montrer dynamique en 2018, avec 2,7% prévus par Madrid comme par la Banque d'Espagne.

Mais "on ne peut pas écarter un épuisement du rythme de création d'emploi après plusieurs années de récupération, comme conséquence de possibles restrictions de capacité dans certains secteurs ou à cause du manque de main d'oeuvre qualifiée", estime dans un récent rapport la banque BBVA.

Le tourisme, qui vient d'enchaîner plusieurs années consécutives de records de fréquentation, pourrait par exemple voir son rythme ralentir un peu cette année, en raison du retour en grâce auprès des voyageurs de pays comme la Turquie ou l'Egypte.

afp/ol