par Alexander Tanas et Richard Balmforth

CHISINAU, 30 novembre (Reuters) - La Moldavie renouvelle son Parlement dimanche, un scrutin qui montrera si les électeurs de cet ex-république soviétique souhaitent poursuivre sur la voie de l'intégration au sein de l'Union européenne.

Au vu des sondages, les 3,5 millions d'habitants de ce petit pays enclavé entre la Roumanie et l'Ukraine, sont divisés entre ceux qui veulent rester sur une trajectoire pro-européenne menée par la coalition de droite au pouvoir et ceux qui souhaitent rebrousser chemin et rejoindre la sphère économique russe.

Pour les commentateurs politiques, il est difficile d'imaginer un retour de la Moldavie dans le giron russe, maintenant que la population peut librement voyager en Europe de l'Ouest et qu'un accord politique et commercial a été conclu avec l'Union européenne.

Les Libéraux-démocrates du Premier ministre sortant Iurie Leanca, membres de la coalition tripartite au pouvoir, ont dit souhaiter entrer dans l'Union européenne à l'horizon 2020.

Mécontente de cette avancée vers l'Ouest, la Russie a interdit les importations de vins, fruits, légumes et viande en provenance de Moldavie.

A la veille du scrutin, un nouveau sujet de friction avec Moscou est apparu, avec l'exclusion du scrutin, sur décision de justice, de Patrie, un parti dirigé par le millionnaire russe Renato Ousatii, au motif que son financement provient en partie de l'étranger.

La mise hors course de Patrie fait peser de "sérieux doutes" sur l'élection, a réagi Moscou.

Mais, bien que bénéficiant d'un tremplin en Moldavie avec l'enclave sécessionniste pro-russe de Transnistrie, la Russie ne semble pas prête à intervenir comme elle l'a fait en Ukraine, qui elle aussi souhaite s'arrimer à l'EU.

RIVALITÉS

Selon les derniers sondages, les trois parties pro-européens au pouvoir obtiendraient entre 38% et 43% des suffrages. Mais leur alliance est minée par des rivalités, notamment entre l'ancien Premier ministre Vlad Filat, président du Parti libéral-démocrate et le Parti libéral de Mihai Ghimpu, ancien président de la République par intérim.

Les communistes, dans l'opposition, pourraient toutefois profiter des désaccords au sein de la coalition au pouvoir, selon les sondages. Dirigés par Vladimir Voronine, un ancien président identifié par les anciennes générations à la stabilité passée de l'époque soviétique, ils sont crédités par les sondages de 24% des intentions de vote.

Tout en appelant à de bonnes relations avec Moscou et en disant vouloir revoir la partie commerciale de l'accord conclu avec l'UE, ils restent favorables à une intégration européenne. Vladimir Voronine n'est pas un allié de Moscou. Il a rompu avec le Kremlin sur le problème de la Transnistrie il y a dix ans.

Les socialistes, férocement anti-UE et favorables à une union douanière sous l'égide de la Russie, devraient obtenir entre 6 et 8% des suffrages. Ils pourraient récupérer les voix de ceux qui ne peuvent voter pour le parti Patrie de Renato Ousatii.

Pour être représentés au Parlement (101 sièges), les partis doivent obtenir au moins 6% des suffrages.

Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 du matin (5h00 GMT) et fermeront à 09h00 (19h00 GMT). Il n'est pas prévu de sondage de sortie des urnes. Les premiers résultats sont attendus vers minuit à Chisinau. (Avec Dmitri Soloviov; Danielle Rouquié pour le service français)