Le pape François a appelé samedi les dirigeants à dissiper les "nuages sombres de la guerre", s'exprimant dans un pays pris en sandwich entre deux puissances mondiales - la Russie et la Chine - qu'il a ciblées dans le cadre d'un effort diplomatique du Vatican sur l'Ukraine.

Lors de sa première journée de travail en Mongolie, M. François a assisté à une cérémonie d'accueil élaborée en plein air qui comprenait un défilé à travers les siècles, allant de soldats en uniformes modernes à des hommes à cheval habillés comme d'anciens guerriers mongols.

Il s'est assis aux côtés du président Ukhnaagiin Khurelsukh, qui portait une robe traditionnelle, un chapeau mongol à larges bords et des bottes. Les deux hommes se sont ensuite entretenus en privé dans un ger, une maison traditionnelle ronde ressemblant à une tente de nomade, installée à l'intérieur du palais d'État.

Francis, 86 ans, qui a besoin d'un fauteuil roulant et d'une canne, est arrivé en Mongolie vendredi et s'est reposé pendant une journée pour s'habituer au décalage horaire. L'objectif premier était de visiter la minuscule communauté catholique de Mongolie, qui, avec ses 1 450 membres, est l'une des plus petites du monde.

Dans un discours adressé au président, aux chefs de gouvernement et au corps diplomatique, François a déclaré qu'il était un "pèlerin de l'amitié qui vient à vous discrètement".

Il a évoqué l'histoire de la Mongolie, notant que ce vaste pays situé au nord de la Chine célèbre les 860 ans de la naissance de Ghengis Khan, qui a unifié les tribus mongoles et instauré une période de paix connue sous le nom de "Pax Mongolica". Il a remis au président une copie d'une missive entre le pape Innocent IV et le troisième empereur mongol, Guyug, en 1246.

Mais il a ensuite abordé des questions d'actualité.

"Que le Ciel fasse qu'aujourd'hui, sur cette terre dévastée par d'innombrables conflits, il y ait un renouveau, dans le respect des lois internationales", a-t-il déclaré.

"Que les sombres nuages de la guerre soient dissipés, balayés par la ferme volonté d'une fraternité universelle où les tensions se résolvent par la rencontre et le dialogue, et où les droits fondamentaux de tous les peuples sont garantis", a-t-il ajouté.

François a envoyé un émissaire, le cardinal italien Matteo Zuppi, à Kiev, Washington et Moscou pour discuter des moyens de mettre fin au conflit en Ukraine et de soutenir les efforts humanitaires. M. Zuppi doit se rendre prochainement à Pékin.

RELATIONS CHINE-VATICAN

La proximité de la Mongolie avec la Chine, dont elle a fait partie jusqu'en 1921, a attiré l'attention sur les relations difficiles du Vatican avec Pékin. Les deux parties ont signé en 2018 un accord sur la nomination des évêques catholiques, mais Pékin l'a violé à plusieurs reprises depuis lors.

Quelques dizaines de ressortissants chinois agitant des drapeaux se trouvaient dans la foule à l'extérieur du palais lors de la cérémonie d'accueil samedi matin.

Dans son discours, François a également évoqué les menaces qui pèsent sur l'environnement, déclarant que les traditions nomades mongoles respectaient l'équilibre délicat de la nature, mais qu'il fallait aujourd'hui "lutter contre les effets de la dévastation humaine" de l'environnement.

Oulan-Bator est l'une des villes les plus polluées au monde, en grande partie à cause de la combustion du charbon en hiver.

La Mongolie est l'un des pays les plus touchés par le changement climatique, les températures moyennes ayant augmenté de plus de 2 degrés Celsius depuis 1940.

Les précipitations étant en baisse depuis longtemps, environ trois quarts des terres de la Mongolie sont touchées par la désertification et la sécheresse, et plus de 200 petits lacs se sont asséchés depuis 1980.

Les problèmes écologiques ont été aggravés par le surpâturage : environ 80 millions d'animaux tentent aujourd'hui de survivre sur des terres qui ne peuvent en accueillir que la moitié, selon les chiffres du gouvernement.

L'exploitation des ressources minérales, considérée comme l'un des seuls moyens de faire croître l'économie, a également exercé une pression sur les rares réserves d'eau.

François a annoncé mercredi qu'il publierait un nouveau document sur la protection de la nature afin de mettre à jour son encyclique historique de 2015. (Reportage complémentaire de Joseph Campbell ; rédaction de William Mallard)