Le mois dernier, gérants et analystes interrogés par Reuters, avaient dit anticiper une hausse de 9% d'ici fin 2012 de l'indice Euro Stoxx 50, qui regroupe les principales valeurs de la zone euro, soutenu par les attentes en faveur de nouvelles mesures de soutien à la croissance et de sortie de crise de la dette.

"Dans le contexte actuel, il y a peu d'espoirs de voir le marché remonter significativement et durablement. Un certain nombre de mauvaises nouvelles sont encore devant nous", a prévenu Philippe Lecoq, directeur adjoint et co-responsable de la gestion actions européennes chez EdRAM, évoquant de possibles défauts à venir de la part de grandes entreprises espagnoles.

Le gérant conseille d'ailleurs de comparer les valorisations actuelles des actions européennes - 10,2 fois les bénéfices attendus (PER) pour l'EuroStoxx 50 cette année - à celles des années 1970-1980 plutôt qu'aux deux dernières décennies.

"Il faut oublier les 25 dernières années, où la croissance a été alimentée par de la dette. Il est plus pertinent aujourd'hui de regarder les valorisations des marchés correspondant aux années 1970-1980 (...) Il n'y a pas de places pour une expansion des multiples", a-t-il relevé.

UNE PRIME MÉRITÉE

Selon Philippe Lecoq, l'environnement de marché reste favorable aux valeurs exposées à la croissance des pays émergents, le marché intégrant déjà une pression sur les marges des entreprises ainsi qu'une croissance économique faible, voire nulle pour longtemps en Europe.

Les secteurs de l'agroalimentaire, du luxe et des cosmétiques, où de nombreuses entreprises européennes occupent une position de leaders au niveau mondial, intéressent EdRAM malgré les valorisations élevées de certains titres comme LVMH, qui se négocie 19,25 fois ses bénéfices 2012.

"La croissance, elle est rare, elle doit donc être chère. La prime sur le luxe, qui s'est payé plus cher, n'a jamais été autant méritée", a déclaré Philippe Lecoq.

"On s'intéresse également au thème de la santé, qui n'a pas encore été suffisamment mis en avant alors qu'il y a la nécessité d'organiser davantage le système de santé et d'améliorer les conditions sanitaires dans certains pays comme la Chine (...) A cela s'ajoute également le vieillissement des populations occidentales", a-t-il ajouté.

Pour ces raisons, EdRAM détient des positions "conséquentes" sur Sanofi, GlaxoSmithKline ou Roche et juge "quasiment sans égale" la croissance à long terme d'Essilor.

Les secteurs de la santé au sens large et de la consommation sont également ceux qui sont les plus susceptibles d'être animés par des opérations de fusions-acquisitions (M&A), a indiqué Philippe Lecoq soulignant les liquidités accumulées par les entreprises et la croissance du M&A par rapport à 2011.

"Il est encore trop tôt pour espérer retrouver les niveaux de croissance de 2005 dans le M&A mais, il y a quand même un gisement important en Europe pour ce type d'opérations avec de nombreuses sociétés valorisées entre 1,0 milliard et 10 milliards d'euros qui peuvent être concernées", a-t-il dit.

Le producteur allemand de gaz industriels Linde a annoncé lundi le rachat de l'américain Lincare, qui doit lui permettre de détrôner sur le marché du gaz médical Air Liquide, qui a racheté début juin LVL Médical.

édité par Jean-Michel Bélot

par Alexandre Boksenbaum-Granier