par Simon Shuster et Denis Dyomkin

Ces négociations n'ont jusqu'ici rien donné, selon le président russe Dmitri Medvedev, en dépit de la volonté affichée par la compagnie russe Gazprom de parvenir à un accord dès samedi sur le transit en Ukraine du gaz destiné aux consommateurs européens.

L'arrêt des livraisons a entraîné la fermeture d'usines et privé de chauffage des centaines de milliers de foyers en Europe de l'Est. Il pose aussi la question de la fiabilité de la Russie comme fournisseur d'énergie et de l'Ukraine comme partenaire de l'Union européenne.

Medvedev a réaffirmé lors d'une conférence de presse que Kiev devait accepter de payer son gaz au même prix que les Européens, soit plus du double de ce qu'il paie actuellement. L'Ukraine dit n'en avoir pas les moyens et réclame un relèvement des droits de transit du gaz russe sur son territoire.

Les discussions entre Poutine et Timochenko n'ont pas débuté à l'heure prévue sans qu'aucune explication officielle ne soit donnée. Une source proche de la partie russe a néanmoins déclaré que Timochenko était venue "les mains vides" aux négociations.

Cependant à Kiev, l'entourage du président Viktor Iouchtchenko a assuré que Timochenko avait carte blanche pour négocier.

"Le Premier ministre jouit d'un mandat total. Sinon elle ne participerait pas aux discussions. Il n'existe aucune divergence de positions entre le président et le Premier ministre", a dit à Reuters un responsable de la présidence.

Une rivalité politique oppose Timochenko et Iouchtchenko, ce qui a compliqué la recherche d'une solution à la crise.

Poutine et Timochenko poursuivront leurs discussions samedi soir après avoir dîné au Kremlin, a déclaré Dmitri Peskov, porte-parole de Poutine.

CONFÉRENCE INTERNATIONALE

De son côté, Gazprom s'est déclaré déterminé à parvenir à un accord dès samedi.

"Les discussions se poursuivront aujourd'hui et nous resterons autour de la table jusqu'au bout, jusqu'à ce que nous parvenions à un accord ou jusqu'à ce que nous comprenions que nous ne pourrons pas y parvenir", a déclaré Sergueï Kouprianov, porte-parole de Gazprom.

"Nous sommes déterminés à parvenir à un accord aujourd'hui", a-t-il ajouté à l'issue d'une réunion au Kremlin avec le président Medvedev.

La Russie a invité les chefs de gouvernement de tous les pays achetant ou transportant son gaz à une conférence internationale samedi à Moscou, mais la plupart d'entre eux ne sont pas venus.

La présidence tchèque de l'Union européenne a invité les Etats membres à ne pas y participer afin que Bruxelles puisse s'exprimer d'une seule voix. Mis à part les Tchèques, la Slovaquie a été le seul membre de l'UE à se rendre à Moscou.

La plupart des autres participants étaient des alliés de la Russie dans les Balkans ou en Europe de l'Est.

L'un des principaux obstacles au règlement du différend a paru surmonté lorsqu'un consortium de compagnies gazières européennes a annoncé qu'il acceptait de fournir suffisamment de gaz pour remplir le gazoduc vide et rétablir la pression pour permettre la reprise des exportations.

Mais la principale pierre d'achoppement - le prix à payer par l'Ukraine pour son gaz cette année - n'est toujours pas écartée.

Un porte-parole du commissaire européen à l'Energie, Andris Piebalgs, qui a assisté au sommet de Moscou, a qualifié les discussions de "constructives".

"La commission est encouragée par ces discussions qui se poursuivront. Nous espérons qu'elles auront des résultats et que ces résultats ne peuvent être que la reprise immédiate des livraisons de gaz à l'Europe", a-t-il dit.

Peskov a néanmoins déclaré que la position de l'UE aux discussions ne contribuait "pas à la recherche d'une solution".

"Ils (l'UE) mettent Moscou et Kiev dans le même sac (...) C'est tout simplement injuste et cela ne contribue pas à la recherche d'une solution", a dit le porte-parole de Poutine.

A Bruxelles, Ferran Tarradellas Espuny, porte-parole de la Commission européenne pour l'énergie, a réagi en disant que la position européenne était constructive et que les livraisons de gaz à l'Europe devaient reprendre immédiatement.

Avec Ron Popesi à Kiev et Ingrid Melander à Bruxelles, version française Nicole Dupont