LONDRES, 27 janvier (Fondation Thomson Reuters) - A l'âge de six ans, les petites filles associent davantage l'intelligence aux hommes qu'aux femmes, selon une étude réalisée par des chercheurs américains qui notent que ce stéréotype limite potentiellement leurs aspirations et leur carrières futures.

Les tests menés par les auteurs de cette étude auprès de jeunes enfants agés de cinq à sept ans aux Etats-Unis montrent aussi que les fillettes tendent à éviter davantage que les garçons de leur âge les activités qui mobilisent l'intelligence.

"Notre société tend à associer l'intelligence aux hommes plus qu'aux femmes, et cette notion éloigne les femmes des emplois perçus comme requérant de l'intelligence. Nous voulions savoir si les jeunes enfants adhéraient eux aussi à ces stéréotypes", explique l'universitaire Lin Bian, spécialisée dans les stéréotypes de genre au département de psychologie de l'Université de l'Illinois, qui a co-écrit l'étude parue dans la revue Science.

Parmi les expériences menées auprès de leur jeune public pour répondre à cette question, les chercheurs ont notamment raconté aux enfants l'histoire de quelqu'un qui était "vraiment, vraiment intelligent" et leur ont demandé de deviner qui il ou elle était parmi une sélection d'images représentant des hommes et des femmes.

Dans le même registre, les enfants ont été confrontés à des images de couples homme/femme et les chercheurs leur ont demandé qui dans ces paires était "très, très intelligent".

Jusqu'à l'âge de cinq ans, les enfants ont tendance à choisir un personnage de leur sexe. Mais à six et sept ans, les filles sont spectaculairement moins enclines que les garçons à continuer de choisir un personnage de leur sexe.

Et cette évolution est indépendante du milieu social ou ethnique dans lequel vivent les enfants.

"Même si ce stéréotype associant intelligence et hommes ne correspond pas à la réalité, il peut néanmoins avoir des conséquences néfastes sur les aspirations des filles et sur leur carrière ultérieure", note Andrei Cimpian, professeur de psychologie à l'Université de New York qui a participé à l'étude.

Pour Sarah-Jane Leslie, qui enseigne la philosophie à Princeton, "ces conclusions montrent que les stéréotypes de ce genre commencent à avoir un impact sur les choix des filles à un âge désespérément jeune". (Emma Batha; Henri-Pierre André pour le service français; Thomson Reuters Foundation est la fondation caritative de Thomson Reuters dédiée à la couverture des sujets humanitaires et liés aux droits des femmes, à la lutte contre la corruption et au changement climatique.; http://www.trust.org)