par Thomas Ferraro

WASHINGTON, 30 janvier (Reuters) - Six semaines après la fusillade de Newtown, la commission des affaires judiciaires du Sénat américain a entamé mercredi ses auditions sur la nouvelle législation sur les armes à feu par le témoignage de Gabrielle Giffords, ancienne élue de l'Arizona grièvement blessée lors d'une fusillade à Tucson, en janvier 2011.

L'ancienne élue à la Chambre des représentants, qui a encore des séquelles de ses blessures à la tête et s'exprime avec difficultés, a exhorté les parlementaires à faire preuve de "courage".

"Nous devons faire quelque chose. Cela sera dur, mais le moment est venu", a-t-elle dit. "Vous devez agir. Soyez audacieux. Soyez courageux. Les Américains comptent sur vous."

Ebranlé comme des millions d'Américains par le carnage du 14 décembre dans une école primaire du Connecticut, où un homme a tué 26 personnes dont 20 enfants de six et sept ans, Barack Obama a proposé il y a deux semaines le rétablissement de l'interdiction des armes d'assaut semi-automatiques, qui était en vigueur de 1994 à 2004.

Il demande également au Congrès d'adopter l'interdiction des chargeurs de plus de dix balles et la vérification systématique des antécédents de tous les acheteurs d'armes à feu.

Ces propositions se heurtent à l'hostilité du puissant lobby des armes à feu, notamment la National Rifle Association (NRA) qui dénonce une atteinte aux droits fondamentaux des citoyens des Etats-Unis, et de ses relais au sein du Congrès.

"IL FAUT ÊTRE RÉALISTES"

Entendu à son tour par les sénateurs, Wayne LaPierre, vice-président de la NRA, a rejeté les propositions d'Obama sur un contrôle accru des acquéreurs d'armes à feu.

"Soyons honnêtes, a-t-il dit, les vérifications des antécédents ne seront jamais universelles parce que les criminels ne s'y soumettront jamais."

Au lieu d'interdire certaines armes, la NRA préconise de mieux faire appliquer la législation déjà existante et de renforcer la sécurité dans les écoles en y déployant des gardes armés.

"Les propriétaires d'armes à feu qui respectent la loi n'accepteront qu'on leur fasse porter la responsabilité des actes commis par des criminels violents ou dérangés", a poursuivi LaPierre. "Nous ne croyons pas davantage que le gouvernement doit dicter ce que nous pouvons légalement posséder et utiliser pour protéger nos familles."

Au Sénat, dominé par les démocrates, et à la Chambre des représentants, où les républicains ont la majorité, de nombreux élus doutent qu'un accord puisse être trouvé qui dépasse le simple renforcement du contrôle des antécédents des acheteurs.

"Il faut être réalistes et nous le serons", a dit le président démocrate de la commission des affaires judiciaires du Sénat, Patrick Leahy.

Selon un vétéran du Congrès, de nombreux élus démocrates, pour des raisons électorales, devraient voter contre l'interdiction des armes d'assaut. (avec John Whitesides; Guy Kerivel et Henri-Pierre André pour le service français)