par Matthieu Protard

Ce congrès, organisé tous les deux ans, sera aussi l'occasion pour le Crédit agricole de tenter d'effacer les stigmates de la plus grave crise financière depuis les années 1930.

Il s'agit d'un rendez-vous important pour le groupe coopératif puisqu'il permet de réunir l'ensemble des dirigeants des caisses régionales du Crédit agricole, même si les analystes ne prévoient pas d'annonces financières ou stratégiques majeures.

Ils s'attendent néanmoins à ce que le nouveau tandem composé de Jean-Marie Sander, président de Crédit agricole SA, et Jean-Paul Chifflet, son directeur général, confirme la priorité donnée à la banque de détail après les dérives reprochées à l'ancienne équipe dirigeante dans les activités de marché.

Ces excès avaient d'ailleurs contraint le groupe à réorganiser sa banque de financement et d'investissement dès 2008 après les pertes liées à la crise des subprime.

"Les dernières nominations montrent que la stratégie du Crédit agricole est très orientée sur la banque de détail. Je ne m'attends pas à une rupture par rapport à ce qui a été fait au cours des deux dernières années", fait remarquer Eric Hazart, analyste financier chez Exane BNP Paribas.

"Je ne pense pas que ce soit un grand catalyseur pour le titre Crédit agricole SA la semaine prochaine", dit-il à propos du congrès de mercredi. "C'est vraiment en mars que cela va se jouer pour le groupe et les actionnaires."

En complément de sa feuille de route à dix ans, la banque a en effet prévu de présenter en mars 2011 un plan stratégique à trois ans, plus précis et intégrant des objectifs financiers chiffrés.

Elle a déjà préparé le terrain en procédant la semaine dernière à un remaniement à la tête de ses principales filiales, avec notamment la nomination d'un nouveau directeur général pour sa banque de financement et d'investissement et un nouveau patron pour LCL (ex-Crédit lyonnais).

"BEAUCOUP D'INCONNUES"

Les investisseurs attendent toutefois une clarification de la stratégie de la banque, pénalisée par les pertes de sa filiale grecque Emporiki, avant de revenir plus massivement sur le titre.

Depuis le début de l'année, l'action Crédit agricole SA (CASA), le véhicule coté de la Banque verte, abandonne près de 14% et sous- performe l'indice de référence Stoxx 600 des banques européennes (-7,57%). La capitalisation boursière de CASA ressort ainsi à 25,58 milliards d'euros.

D'après les données de Thomson One, sur 33 analystes, treize sont à "conserver" sur la valeur, douze à l'achat ou à "achat fort". Huit analystes sont à "sous-performer" ou à la vente.

"Crédit agricole est victime des inquiétudes sur la zone euro, des inquiétudes sur Bâle III, des incertitudes en termes de management, des incertitudes en termes d'acquisitions, de cessions et de restructuration de portefeuille", souligne un analyste basé à Londres qui n'a pas souhaité être identifié.

"Il y a encore beaucoup d'inconnues", ajoute-t-il.

Comme BNP Paribas et la Société générale, le Crédit agricole a écarté tout besoin de lancer une augmentation de capital pour se conformer aux nouvelles règles prudentielles du comité de Bâle.

Mais à la différence de ses concurrents français, la banque n'a pas donné d'estimations chiffrées de ses ratios de solvabilité financière à l'horizon de 2013, date d'entrée en vigueur des règles de Bâle III.

"Il se peut qu'ils fassent des commentaires sur Bâle III. Ce serait bien venu mais cela m'étonnerait", fait savoir un analyste. "Je pense plutôt qu'ils se contenteront de déclarations d'intention."

Pour Eric Hazart, sauf surprise, le groupe devrait aussi se contenter de donner des grandes orientations stratégiques mais sans chiffrage financier précis à ce stade.

Après plusieurs mois de querelles internes, Georges Pauget, l'ancien directeur général de Crédit agricole SA, a été contraint de céder sa place à Jean-Paul Chifflet à compter du 1er mars.

Jean-Marie Sander a quant à lui succédé à René Carron comme président du véhicule coté en mai dernier à l'issue de l'assemblée générale des actionnaires de la banque.

Edité par Benjamin Mallet