* Le HY va devenir une source de financement essentielle-Fitch

* Des fonds globaux HY, incluant du crédit euro, se créent aux Etats-Unis

* La performance de 2012 ne se répétera pas en 2013

par Raoul Sachs

PARIS, 23 janvier (Reuters) - Vedette toutes catégories en 2012, la dette privée "high yield" (HY, haut rendement) s'est imposée comme une classe d'actifs sur le marché de l'euro. Les multiples conséquences de la crise financière aidant, elle est encore appelée à croître et à devenir une source essentielle de financement des entreprises.

En 2012, la performance du crédit HY s'est inscrite entre +20% et 26% et les émissions des entreprises non financières européennes ont atteint un record de 32 milliards d'euros depuis la création de la monnaie unique européenne en 1999.

Selon l'agence de notation Fitch, si l'on inclut l'ensemble des émetteurs des pays développés, l'offre a atteint un record de 60,3 milliards d'euros. L'essentiel, près de 80%, a été émis par des sociétés notées entre BB+ et B+, soit dans le haut de la catégorie HY.

"Le high yield en euro est devenu un vraie classe d'actifs appelée à se développer", a expliqué mercredi, Edward Eyerman, directeur crédit HY et Finance à effet de levier chez Fitch, lors d'une conférence organisée par l'agence à Paris.

Il a indiqué qu'aux Etats-Unis, dont le segment HY est un marché mature et profond, des sociétés de gestion, jusque-là focalisées sur leur marché domestique, créent des fonds HY globaux, incluant une bonne part d'obligations européennes.

L'encours du marché HY européen se situe désormais autour de 300 milliards d'euros.

LE RISQUE DU SUCCÈS

Il a expliqué que l'assainissement en cours des bilans des banques, les nouvelles exigences réglementaires en fonds propres, le resserrement et l'augmentation du coût du crédit bancaire, l'expiration en 2014 des opérations de refinancement à long terme (LTRO 3 ans) de la Banque centrale européenne, sont autant d'éléments qui font du HY une source unique de financement d'une certaine importance.

S'y ajoutent les taux de défaut bas et appelés à le rester, des besoins de refinancement des acquisitions réalisées avant la crise, notamment en 2006, via des emprunts bancaires à effet de levier (LBO) qui arrivent à échéance en 2015 et 2016 et les tombées d'obligations qui dépasseront les remboursements des prêts bancaires à partir de 2017.

La "répression financière" voulue par les autorités monétaires encouragent les émetteurs, par des taux nominaux de moyen et long terme très bas - négatifs en termes réels (inflation déduite). Ces derniers trouvent en face d'eux des investisseurs à la recherche de rendements que ne leur offrent plus le monétaire, les emprunts d'Etat, voire même les entreprises notées dans la catégorie investissement (IG, investment grade, AAA à "BBB-).

Le succès du HY et la recherche effrénée de rendement a conduit des sociétés de gestion réputées prudentes, comme La Banque postale asset management (LBPAM), qui est investie à 72% en obligations, à proposer des produits à cheval (crossover) qui ménagent au HY une place au moins aussi importante qu'aux obligations IG, l'essentiel se situant entre BBB+ et BB-.

Edward Eyerman estime toutefois que le crédit HY risque en 2013 de souffrir de son succès de 2012 qui s'est traduit par un puissant resserrement des spreads et des taux historiquement bas. (Raoul Sachs, édité par Jean-Michel Bélot)