(Précisions, déclarations irakiennes, McCain)

BAGDAD/WASHINGTON, 25 février (Reuters) - Des responsables irakiens ont tenu mardi des propos contradictoires à propos d'un possible accord sur l'achat d'armes iraniennes par l'Irak, confronté à une insurrection sunnite.

Selon des documents que Reuters a pu consulter, les deux pays voisins, à majorité chiite, auraient signé en novembre dernier une série de contrats pour un montant de 195 millions de dollars.

Le ministre irakien de la Défense a démenti mardi l'existence d'un tel accord mais le président de la commission de la Défense au Parlement de Bagdad a déclaré que son pays avait acheté à l'Iran "quelques armes légères et des munitions".

A Téhéran, le gouvernement iranien a démenti avoir passé un accord avec l'Irak.

Les Etats-Unis ont demandé des explications à l'Irak car un accord de ce type violerait les sanctions internationales décidées contre la République islamique.

Le sénateur américain John McCain a demandé que la vente prévue de 24 hélicoptères de combat Apache à l'Irak soit réexaminée dans l'attente d'une clarification.

Pour le ministère irakien de la Défense, l'accord avec l'Iran n'existe pas et relève d'une "opération politique et médiatique". Le ministère reconnaît que l'Iran a participé à un appel d'offres pour la fourniture à l'Irak de lunettes de vision nocturne mais ajoute que sa proposition n'a pas été retenue.

"Nous avons aussi reçu des offres de nombreuses compagnies internationales, notamment de Bulgarie, de la République tchèque, de Pologne, de Serbie, de Chine, d'Ukraine et du Pakistan", précise-t-il.

"PAYS AMI"

Mais Hassan Souneïd, qui président la commission de la Défense au Parlement irakien, a affirmé que son pays avait bien acheté des armes à l'Iran, et a souligné que c'était tout à fait son droit.

"Nous avons le droit d'acheter des armes à un pays ami qui coopère avec l'Irak. Nous avons donc acheté à l'Iran des armes légères et des munitions", a-t-il dit.

"L'Iran est un pays ami, tout comme le Koweït, la Jordanie, la Turquie et l'Arabie saoudite."

Lundi, un porte-parole du gouvernement irakien interrogé par Reuters avait expliqué qu'un tel arrangement pouvait se comprendre dans la mesure où Bagdad est confronté au "terrorisme" de groupes armés sunnites.

"Nous menons une guerre contre le terrorisme et nous voulons gagner cette guerre. Rien ne nous empêche d'acheter des armes et des munitions à qui ce que ce soit", avait déclaré ce porte-parole, Ali Moussaoui.

A Washington, le porte-parole de la Maison blanche, Jay Carney, a jugé mardi "préoccupantes" les informations sur ce possible marché entre Bagdad et Téhéran.

Selon les documents consultés par Reuters, il s'agit de huit contrats dont six porteraient sur l'achat par l'Irak d'armes légères et intermédiaires, de mortiers, de munitions pour chars de combat et d'obus de mortier.

Les deux autres contrats évoqués, conclus avec une entreprise publique d'électronique, concerneraient des lunettes de vision nocturne, des équipements de communication et des appareils de guidage des obus de mortier. (Ahmed Rasheed à Bagdad avec Patricia Zengerle et Matt Spetalnick à Washington; Simon Carraud et Guy Kerivel pour le service français)