PARIS, 10 avril (Reuters) - Sous pression des ONG depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron a annoncé mardi, au côté du prince hériter d'Arabie saoudite Mohamed ben Salman, la tenue d'une conférence humanitaire commune sur le Yémen d'ici l'été à Paris qui devra permettre de clarifier la situation sur le terrain.

"Nous sommes convenus d'organiser d'ici à l'été une conférence humanitaire sur le Yémen commune pour faire la clarté sur ce qui est fait et sur ce qui doit être fait et permettra de prendre de nouvelles initiatives humanitaires pour les populations civiles", a dit le chef de l'Etat français à l'issue d'un entretien à l'Elysée avec "MBS".

"La position de la France est claire : plein soutien à la sécurité de l'Arabie saoudite, condamnation de l'activité balistique venant des Houthis, volonté de trouver une solution politique au conflit et grande exigence humanitaire à l'égard des populations civiles", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. "Nous sommes attachés au respect du droit international humanitaire (...) nous continuons à être extrêmement vigilants sur ce point et souhaitons qu'il puisse y avoir un travail encore accru en matière humanitaire à l'égard de populations civiles au Yémen et que toute la clarté soit faite sur les inquiétudes qui proviennent des ONG."

A ses côtés, Mohamed ben Salman a assuré que son pays travaillait avec ses partenaires pour "moderniser ses règles d'engagement afin d'éviter les victimes civiles" tout en soulignant que dans toute "opération militaire, tout au long de l'histoire, quel que soit le pays il y a toujours des erreurs".

"Les erreurs sont inévitables", a-t-il déclaré.

Une organisation humanitaire yéménite a déposé mardi à Paris une plainte avec constitution de partie civile contre Mohamed ben Salman pour complicité de torture et de traitements inhumains au Yémen.

L'Arabie saoudite est engagée militairement au Yémen aux côtés d'autres pays arabes sunnites, avec le soutien des Etats-Unis, contre les rebelles houthis appuyés par l'Iran chiite.

Le conflit a fait plus de 10.000 morts, déplacé plus de trois millions de personnes et menace d'une famine généralisée le pays le plus pauvre de la péninsule arabique.

Principale pourvoyeuse d'armements de l'Arabie saoudite, la France est sous pression des ONG qui réclament une suspension de la livraison d'armes à Ryad.

"Depuis le déclenchement du conflit au Yémen, la France a adopté un processus de conclusion de contrats d'armements très spécifique qui fait que toute vente de matériel militaire est soumise à une analyse au cas par cas et sur la base de critères renforcés qui tiennent comptent du respect du droit international humanitaire et des risques de dommage sur les populations civiles", a dit Emmanuel Macron. (Marine Pennetier et Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)