BERLIN, 4 mars(Reuters) - Les adhérents du Parti social-démocrate allemand (SPD) ont accepté à 66% l'accord de coalition avec le bloc conservateur CDU-CSU d'Angela Merkel, ouvrant la voie à une nouvelle grande coalition pour gouverner l'Allemagne.

Retour sur les développements en Allemagne depuis les élections législatives du 24 septembre.

24 SEPTEMBRE 2017

Les élections législatives sanctionnent le bloc chrétien démocrate CDU-CSU d'Angela Merkel, qui, avec 32,9% des suffrages, arrive certes en tête mais perd près de neuf points par rapport aux précédentes élections, en 2013, et signe son plus mauvais score depuis la fondation de la RFA en 1949.

Le recul est encore plus sévère pour les sociaux-démocrates (SPD). Partenaire de Merkel depuis 2013 au sein d'une "Große Koalition" (grande coalition), une formule déjà éprouvée en 2005-2009 après une première expérience à la fin des années 1960, le parti essuie son plus mauvais score depuis 1933, avec 20,5% des suffrages.

Son président, Martin Schulz, annonce que le SPD va s'administrer une cure d'opposition.

Le parti d'extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) fait son entrée au Bundestag, avec 93 élus. Les libéraux du FDP sont de retour au Parlement, où six formations sont représentées.

19 NOVEMBRE

Les négociations engagées entre la CDU-CSU, les libéraux du FDP et les écologistes des Verts en vue de former une coalition échouent.

Evoquant des divergences inconciliables, le chef de file des libéraux, Christian Lindner, enterre cette coalition "jamaïcaine" - les couleurs distinctives de ces trois formations (noir, jaune et vert) sont les mêmes que celles du drapeau de la Jamaïque. "Mieux vaut ne pas gouverner que mal gouverner", dit-il en fin de soirée.

20 NOVEMBRE

Dans une brève allocution, le président de la République fédérale, Frank-Walter Steinmeier, écarte la tenue dans l'immédiat de nouvelles élections et en appelle à la responsabilité de la classe politique.

"Huit semaines après les élections au Bundestag, les discussions exploratoires en vue de former un gouvernement n'ont jusqu'ici donné aucun résultat et nous sommes maintenant confrontés à une situation qui ne s'est encore jamais produite dans l'histoire de la République fédérale d'Allemagne, depuis 70 ans", insiste Steinmeier, issu des rangs du SPD.

Schulz réaffirme pourtant l'opposition de son parti à un retour au gouvernement dans le cadre d'une coalition avec Merkel. "Nous n'avons pas peur de nouvelles élections. Dans une telle situation, il appartient aux électeurs de réévaluer le cours des choses", dit-il.

Mais dans les jours qui suivent, les appels se multiplient en faveur d'une reconduction de l'alliance gouvernementale entre conservateurs et sociaux-démocrates.

24 NOVEMBRE

"Conscient de ses responsabilités", le SPD accepte finalement d'ouvrir des discussions sur la formation d'un nouveau gouvernement afin d'éviter de nouvelles élections. Schulz prévient que tout accord sera soumis à l'approbation de la base du parti.

7-12 JANVIER 2018

Au terme de six jours de "discussions exploratoires", le bloc CDU-CSU et le SPD s'accordent sur un document de 28 pages qui fixe le cadre de négociations formelles en vue d'un nouvel accord de coalition.

21 JANVIER

Réunis en congrès à Bonn, les délégués du SPD approuvent l'ouverture de négociations formelles avec les conservateurs. Mais le vote montre que le parti est divisé: la motion n'est adoptée que par 362 voix contre 279.

Les frondeurs, dont Kevin Kühnert, chef de file des "Jusos", le mouvement de jeunesse du SPD, reportent leur lutte sur l'étape suivante, la consultation promise par Schulz des adhérents du parti sur le texte final qui sortira de ces négociations.

26 JANVIER-7 FEVRIER

Au terme de longues négociations formelles, le bloc CDU-CSU et le SPD concluent un accord de coalition.

L'accord couvre tous les pans de l'action gouvernementale à venir.

Critiqué pour avoir accepté le poste de ministre des Affaires étrangères, Martin Schulz renonce le 9 février à entrer au gouvernement avant d'annoncer le 13 qu'il démissionne de la présidence du SPD.

26 FEVRIER

Réuni en congrès à Berlin, les délégués de la CDU approuvent à une très large majorité l'accord de coalition. Sur le millier de votants, seuls 27 ont voté contre.

4 MARS

Les adhérents du Parti social-démocrate (SPD) ont approuvé à 66% l'accord de coalition avec le bloc conservateur d'Angela Merkel.

(Bureau de Berlin Édité par Henri-Pierre André)