DAKAR, 15 décembre (Reuters) - L'Union européenne a suspendu sa mission de formation des soldats en République centrafricaine par crainte d'être éventuellement mêlée aux violations du droit international perpétrées par les mercenaires russes présents dans le pays, a annoncé mercredi la mission locale du bloc communautaire.

Alors qu'elle a conseillé et formé plus de 3.400 membres des forces de sécurité dans le pays depuis 2016, selon ses données, la mission d'entraînement de l'Union européenne en République centrafricaine (EUTM RCA) a vu sa tâche se compliquer avec l'arrivée de centaines de combattants russes.

Parmi eux figurent, depuis 2018, de nombreux mercenaires de la société militaire privée russe Wagner qui travaillent en étroite collaboration avec l'armée centrafricaine.

"Nous devons avoir la garantie que les soldats entraînés par l'EUTM ne sont pas employés par les mercenaires de Wagner", a déclaré à Reuters un porte-parole de la mission européenne.

"Pour l'heure, nous n'avons pas de réponse", a-t-il ajouté, précisant que l'EUTM continuerait toutefois de conseiller l'armée centrafricaine.

Aucun commentaire n'a été obtenu dans l'immédiat auprès du gouvernement centrafricain. Reuters n'a pas été en mesure de joindre la société Wagner.

D'après des experts de l'Onu, les mercenaires de Wagner présents en République centrafricaine ont commis des abus dans le pays, dont des exécutions arbitraires.

L'UE a imposé lundi des sanctions contre la société Wagner, l'accusant d'avoir mené des opérations clandestines pour le compte de Moscou et d'avoir financé les activités de mercenaires russes en Ukraine, en Libye et en Syrie.

Vladimir Poutine assure que la société Wagner ne représente pas l'Etat russe et n'est pas rémunérée par celui-ci. Le président russe a aussi déclaré par le passé que les mercenaires ont le droit de travailler partout dans le monde à condition de respecter la loi russe.

Aux yeux d'analystes, le déploiement de mercenaires de la société Wagner s'inscrit dans le cadre d'une stratégie de la Russie pour nuire aux liens militaires entretenus de longue date par la France avec la République centrafricaine. (Reportage Aaron Ross; version française Jean Terzian, édité par Tangi Salaün)