L'euro pourrait se trouver sous pression cette semaine lorsque les nouveaux dirigeants français et grecs présenteront les mesures qu'ils comptent prendre pour relancer la croissance, alors que les investisseurs redoutent une remise en cause des efforts d'assainissement budgétaire au sein de la zone euro.

En France, le socialiste François Hollande est donné favori pour succéder au président Nicolas Sarkozy, qui avait forgé une alliance solide avec l'Allemagne au cours de la crise de la dette. En Grèce, les inquiétudes viennent plutôt de ce que les deux principaux partis pourraient ne pas obtenir de majorité, fragilisant ainsi les plans d'austérité adoptés en échange d'une restructuration de la dette du pays.

L'issue des scrutins français et grecs donneront le ton en début de semaine sur les marchés et notamment sur le marché des changes, alors que la monnaie unique est restée confinée dans un couloir étroit face au dollar ces derniers mois.

"On a du mal à voir comment ces deux événements politiques pourraient être positifs pour l'euro", commente Nick Bennenbroek, directeur de la stratégie de changes chez Wells Fargo à New York. "Nous allons suivre les élections pour nous faire une idée de l'état d'esprit ambiant".

Selon les données fournies par la Commodity Futures Trading Commission, l'une des autorités de régulation américaines, les investisseurs détiennent au total une position courte sur l'euro depuis le début de l'année, pariant ainsi sur un affaiblissement de l'euro par rapport au dollar. Mais la Réserve fédérale pourrait toutefois adopter de nouvelles mesures pour stimuler la croissance, qui auraient pour conséquences d'affaiblir le dollar. Et cette éventualité a jusqu'à présent permis à l'euro d'éviter un brusque décrochage par rapport au billet vert.

Si l'euro passait en dessous de 1,2974 dollar cette semaine, son cours plancher de ces derniers mois, il risquerait fortement d'être emporter dans une spiralle baissière, estime Nick Bennenbroek.

Au-délà des échéances électorales, les investisseurs se montreront attentifs aux indicateurs attendus dans la zone euro et en Chine. Cette dernière publiera ses chiffres de production industrielle, de ventes au détail, inflation investissement le 11 mai, ce qui donnera plusieurs indications sur un éventuel ralentissement de l'économie chinoise.

Toute amélioration de l'économie chinoise favoriserait les devises des marchés émergents, indique Aroop Chatterjee, stratégiste de changes chez Barclays à New York.

Aux Etats-Unis, le cours du dollar pourrait par ailleurs être influencé par le discours du président de la Fed Ben Bernanke à Chicago prévu le 10 mai. Le dollar perdu du terrain contre le yen depuis la mi-mars, les investisseurs restant divisés quant à l'hypothèse d'un nouveau programme de rachat d'obligations de la part de la Fed.

-Matthew Walter, Dow Jones Newswires

(Version française Thomas Varela)