BRUXELLES, 11 mai (Reuters) - L'Espagne pourrait se voir accorder plus de temps pour atteindre ses objectifs budgétaires si le gouvernement présente un plan crédible sur trois ou quatre ans expliquant la façon dont il entend résoudre ses problèmes, apprend-on de source autorisée dans la zone euro.

La situation de l'Espagne, aux prises avec la récession et la restructuration de son secteur bancaire, sera discutée par l'Eurogroupe des ministres des Finances de la zone euro lundi à Bruxelles.

L'Espagne estime qu'elle pourra ramener son déficit budgétaire à 5,3% de son produit intérieur brut (PIB) cette année contre 8,5% en 2011 et 3% en 2013 comme prévu par les règles budgétaires de l'Union européenne prévues par le Pacte de stabilité et de croissance, mais la Commission européenne estime que le déficit sera de 6,4% cette année.

Atteindre l'objectif de 3% en 2013 est très important pour l'Espagne si elle veut éviter des sanctions de l'Union européenne, sauf à obtenir plus de temps.

Cela pourrait lui être accordé, indiquent ceux chargés de la préparation de la réunion des ministres des Finances, pour peu que le gouvernement soit convaincant en présentant un plan de marche détaillé.

"Il faut qu'ils nous donnent une perspective et nous montrent ce qu'est leur plan pour les trois à quatre prochaines années, jusqu'à la fin des fonctions de ce gouvernement", explique un responsable de la zone euro.

"Et alors, je pense qu'il y aura la volonté de l'Eurogroupe d'appliquer le Pacte de stabilité et de croissance avec la marge de manoeuvre qu'il fournit", explique-t-on.

"Il est possible pour l'Espagne d'équilibrer le nécessaire assainissement budgétaire et la croissance, dans le contexte des règles budgétaires de l'Union européenne mais, pour ce faire, un plan à six à 12 mois n'est pas suffisant."

L'Espagne a beau dire qu'elle n'a pas besoin de délai supplémentaire et qu'elle atteindra ses objectifs en temps et en heure, certains responsables politiques et économiques estiment que l'objectif de 3% est irréaliste compte tenu de la contraction économique de 1,8% attendue cette année dans le pays.

Les discussions de lundi sur l'Espagne seront préliminaires. Il faudra notamment atteindre les budgets des régions espagnoles qui seront présentés à la fin du mois pour avoir plus de précisions sur les déficits.

L'Eurogroupe discutera également de la Grèce lundi

"La situation en Grèce n'est pas idéale, mais reste gérable", explique-t-on. "Pour l'instant, rien de méchant ne s'est produit si ce n'est que beaucoup de gens font beaucoup de bruit." (Jan Strupczewski; Danielle Rouquié pour le service français, édité par Nicolas Delame)