PARIS (Reuters) - Wall Street devrait ouvrir sur un repli limité mardi et les principales Bourses européennes sont repassées dans le vert ou ont nettement réduit leurs pertes à mi-séance, les investisseurs semblant relativiser les retombées économiques et financières des derniers développements de la crise ukrainienne malgré le risque accru d'un conflit armé.

Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais, qui préfiguraient en début de journée une baisse de plus de 1%, signalent désormais un recul de 0,37% seulement pour le Dow Jones, de 0,2% pour le Standard & Poor's 500 et de 0,6% pour le Nasdaq après le week-end prolongé du Presidents' Day.

À Paris, le CAC 40 gagne 0,09% à 6.794,19 points vers 11h55 GMT après avoir cédé jusqu'à 2,28% pour revenir à son plus bas niveau depuis octobre. A Londres, le FTSE 100 gagne 0,16% et à Francfort, le Dax recule de 0,13% après être tombé dans les premiers échanges au plus bas depuis près d'un an.

L'indice EuroStoxx 50 progresse de 0,14% tandis que le FTSEurofirst 300 cède 0,06% et que le Stoxx 600 est stable.

Ce dernier affichait au plus bas, en début de matinée, un repli de 9,99% par rapport à son pic de début janvier, frôlant la zone de correction, mais il a ensuite repris peu à peu du terrain.

La tension liée à l'Ukraine s'est soudainement accentuée lundi soir avec l'annonce par le président russe, Vladimir Poutine, de la reconnaissance de deux républiques séparatistes auto-proclamées de l'est de d'Ukraine et d'une opération de "maintien de la paix" de l'armée russe, qui pourrait justifier pour Moscou une invasion du territoire ukrainien.

Mais les investisseurs attendent désormais de connaître l'ampleur des sanctions promises à Moscou par les pays occidentaux.

En Russie, l'indice MOEX de la Bourse de Moscou recule de 5% mais le rouble reprend un peu de terrain face au dollar après être tombé au plus bas depuis près de deux ans.

VALEURS EN EUROPE

Alors que la quasi-totalité des grands secteurs de la cote européenne reculaient en début de séance, ils se partagent désormais presque équitablement entre hausse et baisse. Le repli le plus marqué est pour le compartiment de l'alimentation et des boissons (-0,79%), la plus forte hausse pour l'automobile (+1,52%).

En tête du Stoxx 600, Porsche SE et Volkswagen bondissent respectivement de 12,63% et 8,57% après l'annonce de discussions sur une possible introduction en Bourse de la marque Porsche.

Renault cède en revanche 3,78%, pénalisé par son exposition à la Russie, où il contrôle la marque locale Avtovaz.

Parmi les grands groupes qui ont publié leurs résultats en début de journée, Worldline s'adjuge 9,41% après un chiffre d'affaires supérieur aux attentes au quatrième trimestre.

TAUX

Les rendements des bons du Trésor américain qui reculaient en début de journée avec le mouvement de repli général sur les valeurs refuges, sont désormais orientés à la hausse, à 1,9477% pour les titres à dix ans et 1,5408% à deux ans.

Le marché obligataire européen suit le mouvement: le rendement du Bund allemand à dix ans, revenu en début de séance à 0,146%, est remonté à 0,23%, en hausse de plus d'un point de base sur son niveau de clôture de lundi.

Malgré l'évolution défavorable du contexte géopolitique, les marchés monétaires continuent d'anticiper une hausse de taux de la Banque centrale européenne (BCE) d'ici juillet.

CHANGES

Sur le marché des devises, le contexte géopolitique profite avant tout au yen et au franc suisse, avec pour conséquence un repli du dollar face aux autres grandes devises (-0,12%).

L'euro, lui, regagne du terrain face au billet vert à 1,1343 mais sa volatilité implicite à un mois a atteint son plus haut niveau depuis novembre 2020, signe que les cambistes s'attendent à une période prolongée d'incertitude pour l'économie de la zone euro et la politique monétaire de la BCE.

PÉTROLE

Le prix du pétrole a atteint son plus haut niveau depuis 2014, l'escalade politico-militaire entre la Russie et l'Ukraine amplifiant les risques de tensions entre l'offre et la demande d'hydrocarbures.

Le Brent gagne 2,37% à 97,65 dollars le baril après un pic à 99,50, tout près de la barre symbolique des 100 dollars, sous laquelle il évolue depuis septembre 2014. Le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 3,49% à 94,25 dollars.

"Le potentiel d'un rally à plus de 100 dollars le baril a connu un énorme coup d'accélérateur", commente Tama Varga, du courtier PVM.

(Reportage XXXX, version française Marc Angrand)

par Marc Angrand