"Il n'y aucun déséquilibre en Allemagne qui nécessiterait une correction de notre politique économique favorable à la croissance et orientée vers la consolidation", a déclaré le porte-parole du ministère allemand des Finances, Martin Kotthaus.

Mercredi, le département américain du Trésor a jugé que les excédents commerciaux allemands pénalisaient les partenaires européens de Berlin.

L'administration Obama a plusieurs fois appelé les pays fortement exportateurs comme la Chine et l'Allemagne à faire des efforts pour améliorer leur demande intérieure.

Dans son rapport semestriel sur les politiques économiques internationales et adressé au Congrès, le Trésor critique fermement l'Allemagne: "Le rythme anémique de la croissance de la demande intérieure en Allemagne et sa dépendance à l'égard des exportations contrarient" les efforts visant à rendre plus stable l'économie de la zone euro, indique-t-il.

"Le résultat est une tendance déflationniste pour la zone euro ainsi que pour l'économie mondiale", ajoute le rapport.

La déflation se traduit par une baisse persistante des revenus et des prix, créant un cycle de faiblesse économique qui s'entretient lui-même.

Les Etats-Unis ne sont pas isolés dans leur appréciation des effets de cette politique exportatrice: David Lipton, premier directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), relevait cette semaine à Berlin qu'il serait utile pour ses partenaires européens comme pour l'économie mondiale que l'Allemagne ramène ses excédents commerciaux à des niveaux moins élevés.

"Dans un monde où il est nécessaire que les pays déficitaires contrôlent leurs déficits, on ne peut attendre que cela se produise sans que les pays excédentaires autorisent ou fassent en sort que leurs excédents soient aussi d'une certaine manière contrôlés", a-t-il dit.

L'Allemagne exporte plus qu'elle n'importe depuis 1952 et ses excédents commerciaux sont les plus forts dans ses relations avec la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.

Mais les critiques du Trésor interviennent à un moment délicat des relations entre Washington et Berlin, empoisonnées par l'affaire des écoutes de la NSA.

Des émissaires allemands ont rencontré le secrétaire à la sécurité nationale de la Maison blanche, mercredi, pour obtenir des éclaircissements sur la surveillance que la NSA aurait pratiquée sur le portable de la chancelière Angela Merkel.

Stephen Brown avec Jason Lange à Washington; Pierre Sérisier et Henri-Pierre André pour le service français