DAKAR, 11 décembre (Reuters) - Reckya Madougou, opposante au président Patrice Talon, a été condamnée samedi au Bénin à 20 ans de prison pour complicité d'actes terroristes à l'issue d'un procès qualifié de politique par ses défenseurs.

"Son crime : avoir incarné une alternative démocratique au régime de Patrice Talon. On le redoutait : il n'y a pas de justice au Bénin", a réagi l'un de ses avocats, Antoine Vey, sur Twitter, dénonçant un jugement rendu à 06h00 après un procès "sans témoins, sans pièces, sans preuve".

Reckya Madougou, ancienne ministre de la Justice, a été arrêtée en mars. Elle était accusée d'avoir financé une opération visant à assassiner des personnalités politiques pour empêcher la tenue de l'élection présidentielle organisée en avril et dont elle avait été exclue par la commission électorale.

Patrice Talon a été réélu avec 86% des voix lors de ce scrutin boycotté par la majeure partie de l'opposition.

Juste avant l'annonce de sa condamnation par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), Reckya Madougou a déclaré au tribunal, selon sa page Facebook: "Aujourd'hui, je m'offre pour la démocratie. Si cela permet aux juges de la Criet de retrouver leur indépendance alors je n'aurais pas souffert inutilement ce calvaire."

Sa condamnation intervient quelques jours seulement après celle d'un autre opposant à Patrice Talon, Joël Aïvo, condamné à 10 ans de prison pour blanchiment d'argent et atteinte à la sûreté de l'Etat.

Patrice Talon, arrivé au pouvoir en 2016 après avoir fait fortune dans le coton, rejette les accusations selon lesquelles il instrumentalise la justice à des fins politiques. (Reportage Aaron Ross, version française Bertrand Boucey)