par Tony Munroe et Serajul Quadir

DACCA, 3 janvier (Reuters) - Avec sa fanfare, ses affiches et ses militants perchés pour certains sur des chariots, le meeting électoral organisé dans l'un des quartiers historiques de Dacca semble annoncer un scrutin en bonne et due forme pour les législatives de dimanche.

Pourtant, les deux candidats en lice dans cette circonscription de Lalbagh - l'une des rares où il n'y a plus d'un prétendant - appartiennent l'un comme l'autre à la Ligue Awami, le parti d'obédience socialiste au pouvoir, auquel la victoire ne peut pas échapper.

Les conservateurs du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), principale formation de l'opposition, ont décidé de boycotter les législatives pour dénoncer la décision du Premier ministre Sheikh Hasina de mettre fin à la tradition qui voulait qu'un gouvernement apolitique de transition soit formé avant les élections.

"L'animosité entre deux de nos principaux dirigeants a conduit le pays où il en est aujourd'hui et a non seulement affecté notre économie et notre croissance, mais notre système démocratique", déplore Badiuyl Alam Majumdar, secrétaire général des Citoyens pour une bonne gouvernance.

A elles deux, Sheikh Hasina et la Begum Khaleda Zia, chef de file du BNP, ont occupé les fonctions de chef du gouvernement pendant 20 des 22 dernières années et se vouent une profonde inimitié.

Si l'issue des législatives ne fait aucun doute, l'avenir à moyen terme du Bangladesh et de ses 160 millions d'habitants semble beaucoup plus incertain.

La crise politique risque notamment de peser sur le secteur de la confection, qui représente 80% des exportations et un chiffre d'affaire annuel de 22 milliards de dollars. Il a déjà été malmené par une série de grèves dont une, toujours en cours, a été organisée à l'appel du BNP.

Une centaine de personnes ont trouvé la mort dans les violences préélectorales, qui ont encore fait deux victimes, brûlées vives vendredi à Dinajpur, dans le Nord, où des militants de l'opposition ont fait usage de cocktails Molotov.

Quatre bureaux de vote ont par ailleurs été incendiés à Feni, ville natale de Khaleda Zia, dans le Sud.

L'exécution en décembre d'Abdul Quader Mollah, un chef islamiste proche du BNP condamné à mort pour des crimes commis en 1971 durant la guerre d'indépendance, a aussi contribué aux troubles. (Voir ) (Jean-Philippe Lefief pour le service français)