NATIONS UNIES, 14 janvier (Reuters) - Le secrétaire général de l'Onu a accusé jeudi les parties en conflit en Syrie, et notamment le gouvernement de Bachar al Assad, de se livrer à des "actes atroces" et des "abus déraisonnables" contre les civils.

Ban Ki-moon a estimé devant la presse que les images de civils mourant de faim dans la ville de Madaya assiégée par les troupes syriennes confirmaient que cette guerre avait atteint "les tréfonds choquants de l'inhumanité".

"Laissez-moi dire les choses clairement: l'emploi de la famine comme une arme de guerre est un crime de guerre", a dit Ban après avoir présenté devant l'Assemblée générale de l'Onu ses priorités pour 2016. "Je pourrais dire qu'ils (les civils) sont pris en otage, mais cela est encore pire. On nourrit les otages".

Des camions chargés d'aide alimentaire et médicale sont entrés jeudi dans Madaya, près de la frontière libanaise, et d'autres se dirigeaient vers Al Foua et Kefraya, dans le nord du pays, ont annoncé les médias officiels syriens et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). ( )

"Toutes les parties - y compris le gouvernement syrien qui a pour première responsabilité de protéger les Syriens - commettent des actes atroces interdits par le droit humanitaire international", a jugé Ban Ki-moon.

Le secrétaire général a précisé que 400 hommes, femmes et enfants de Madaya se trouvent dans un tel état de malnutrition qu'ils sont menacés de mort et ont besoin d'une assistance immédiate, y compris une évacuation.

Ban a rappelé qu'en 2014, l'Onu et ses partenaires avaient été en mesure de fournir une aide alimentaire à 5% des personnes vivant dans des zones assiégées. Actuellement, cette aide ne concerne plus que 1%.

Environ 400.000 personnes vivent assiégées en Syrie, dont la moitié dans les régions sous contrôle de l'Etat islamique, 180.000 dans les zones aux mains de l'armée syrienne et 12.000 dans celles dépendant de l'opposition armée.

(Michelle Nichols; Pierre Sérisier pour le service français)