* Le nucléaire, "filière d'avenir" pour Montebourg

* Une "nouvelle provocation" pour Mamère

* Jean-Marc Ayrault recadre son ministre (Actualisé avec Ayrault)

PARIS, 27 août (Reuters) - Jean-Marc Ayrault a rappelé à l'ordre lundi le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg qui a provoqué la colère des alliés écologistes du Parti socialiste en déclarant que le nucléaire était une "filière d'avenir",

Deux personnalités du PS, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et le président de l'Assemblée, Claude Bartolone, avaient approuvé dans la journée la position d'Arnaud Montebourg, qui est élu d'une région, la Bourgogne, où les équipementiers du secteur nucléaire emploient 12.000 personnes.

Invité sur France 2, le Premier ministre a démenti tout changement de cap.

"J'ai parlé avec Arnaud Montebourg et la position du gouvernement, elle est très claire : ce sont les engagements que le président de la République a pris devant les Français, c'est le mix énergétique", a -t-il dit.

Jean-Marc Ayrault a rappelé qu'il s'agissait de faire passer d'ici 2025 la part de l'électricité produite par le nucléaire "de 75% à 50%" en développant les économies d'énergie et les énergies renouvelables.

Prié de dire s'il avait recadré Arnaud Montebourg, le Premier ministre a répondu : "Je lui ai rappelé la position du gouvernement, il en a parfaitement convenu".

Jean-Marc Ayrault a cependant souligné que le ministre du Redressement productif avait voulu évoquer la part de 50% du nucléaire qui resterait après 2025.

Dans le cadre des élections législatives de juin dernier, le Parti socialiste et EELV ont signé un accord qui prévoyait, entre autres, la réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité française.

Les écologistes ont deux ministres au gouvernement.

"NOUVELLE PROVOCATION"

Dans la matinée, Manuel Valls avait estimé sur Europe 1 que le nucléaire est "une filière d'avenir, incontestablement", tout en rappelant les engagements de François Hollande en matière de réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% d'ici à 2025.

Manuel Valls a également réaffirmé que la centrale alsacienne de Fessenheim serait fermée au cours du quinquennat.

"Il y a besoin de renouveler nos centrales nucléaires, ses différentes filières", a dit le ministre de l'Intérieur, précisant que des débats sur le sujet auraient lieu au sein du gouvernement et dans le cadre de la conférence environnementale, en septembre.

Le président PS de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a également défendu les propos d'Arnaud Montebourg, estimant qu'ils étaient une "évidence", en raison notamment des démantèlements de centrales à venir.

Que le nucléaire soit une filière d'avenir, "c'est une évidence, à partir du moment où l'annonce qui a été faite par le président de la République c'est de dire 50% dans le cadre du mix énergétique en 2025", a-t-il dit sur RTL.

"Il faut que toutes les centrales qui seront encore en place pour assurer ce 50% d'énergie d'origine nucléaire en 2025 soient à la pointe du progrès", a-t-il ajouté.

Réagissant aux propos d'Arnaud Montebourg, le député écologiste de Gironde Noël Mamère a parlé de "nouvelle provocation" et dénoncé une "entorse très sérieuse" à l'accord entre le PS et EELV, appelant le ministre à "revoir sa copie", et le Premier ministre à démentir ses propos.

Mais certains dirigeants d'Europe écologie-Les Verts ont voulu cependant y voir des propos "isolés".

"Ce n'est pas le gouvernement qui s'est exprimé hier, c'est un ministre qui a donné son point de vue personnel", a estimé lundi sur i>télé François de Rugy, co-président du groupe écologiste à l'Assemblée nationale.

"Nous savons depuis toujours qu'Arnaud Montebourg a toujours été un pro-nucléaire de choc (...) c'est pour ça que nous ne donnons pas plus d'importance que cela à ces propos qui sont quand même très isolés, qui n'ont jamais été repris au sein du gouvernement", a-t-il ajouté.

Pour Yannick Jadot, député européen d'EELV, "les propos de Manuel Valls ou d'Arnaud Montebourg sont en contradiction avec les engagements" de François Hollande sur la réduction de la part du nucléaire dans la consommation d'électricité. (Chine Labbé et Gérard Bon, édité par Yann Le Guernigou)