par Trevor Hunnicutt

WASHINGTON, 9 juillet (Reuters) - Le président américain, Joe Biden, accueille mardi les dirigeants des pays membres de l'Otan pour un sommet annuel, qui fournit au candidat démocrate à la présidentielle l'opportunité de rassurer sur ses capacités à diriger.

Joe Biden, 81 ans, a martelait dans la presse son intention de rester dans la course à la présidentielle face à son rival républicain Donald Trump, 78 ans, en dépit des inquiétudes du camp démocrate et de certains donateurs de campagne après sa performance inquiétante lors du débat télévisé du 27 juin.

Après le mandat de Donald Trump marqué par un retour à l'isolationnisme sous le slogan "America First", Joe Biden a réactivé les alliances traditionnelles des Etats-Unis. Le vainqueur de l'élection présidentielle du 5 novembre aura une influence considérable sur le futur de l'Europe et de l'Otan.

Donald Trump a réveillé les craintes des alliés européens en déclarant qu'il ne défendrait pas des pays dont les contributions au budget de défense de l'alliance seraient insuffisantes. L'hommes d'affaires a également avancé qu'il encouragerait la Russie à "faire tout ce qu'elle veut", à l'encontre des alliés européens.

Le discours inaugural de Joe Biden mettra en lumière les objectifs clés de l'administration américaine : une alliance plus forte et plus unie sous l'égide de Washington, résolument tournée vers la protection de leurs besoins de sécurité.

L'équipe de Joe Biden met en avant les résultats tangibles observés sous son mandat pour les électeurs américains : un pays plus sûr avec une position renforcée sur la scène économique mondiale, une multitude d'alliances à l'étranger et un risque moindre de conflit avec ses adversaires.

La présence de dirigeants de l'Otan montrent la capacité de Joe Biden à rassembler et à inspirer confiance, arguent ses collaborateurs, ce que rejette l'équipe de Donald Trump.

Alors que l'Otan, qui célèbre ses 75 ans, était tombée en désuétude, l'alliance militaire a retrouvé un rôle central dans les affaires mondiales avec l'offensive russe en Ukraine, que Kyiv et ses alliés occidentaux dénoncent comme une invasion, ayant conduit les gouvernements européens à voir de nouveau Moscou comme une menace pour leur sécurité.

La Finlande et la Suède ont opéré un virage sécuritaire en rejoignant à leur tour l'Alliance atlantique, provoquant la fureur de Moscou.

La guerre en Ukraine occupera toutes les discussions entre les dirigeants des 32 Etats membres réunis dans la capitale américaine.

Le deuxième sujet d'inquiétude, outre le retour possible de Donald Trump à la Maison blanche, réside dans la capacité de Joe Biden à rester au pouvoir, selon plusieurs diplomates de plusieurs pays.

PASSERELLE VERS UNE ADHESION UKRAINIENNE

Plus d'une semaine après sa piètre performance lors d'un débat télévisé, Joe Biden continue de faire face à des questions quotidiennes sur sa capacité à rester au pouvoir et à mener une campagne électorale effrénée. Certains élus démocrates l'ont même exhorté à se retirer.

La question de la survie de Joe Biden est "absolument dans tous les esprits", selon Joern Fleck, directeur du Centre européen au Conseil Atlantique, ajoutant que les perspectives d'une victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle pourrait affaiblir l'Otan.

Les dirigeants de l'alliance sont également confrontés à l'incertitude politique en Europe avec les tractations en France pour former un gouvernement de coalition dans un paysage politique morcelé et un chancelier allemand Olaf Scholz, sorti affaibli des dernières élections européennes.

Ce sommet de l'Otan à Washington doit être une opportunité pour Joe Biden de dissiper les inquiétudes. Le président américain doit prononcer un discours mardi et participer jeudi à une conférence de presse en solo, une rareté.

Le président américain va aussi annoncer de nouvelles aides pour l'Ukraine dont de nouvelles livraisons d'armes et d'équipements militaires.

Certains dirigeants américains avancent que ce sommet pourrait être l'opportunité d'offrir à l'Ukraine un "passerelle d'adhésion" à l'alliance.

Moscou dit considérer l'élargissement de l'Otan comme une menace pour sa sécurité et estime que le bloc est entré en "confrontation directe" avec la Russie. L'Alliance nie toute velléité offensive.

Certains Etats membres veulent que l'Otan clarifie sa position en affirmant que l'Ukraine se dirige de façon "irréversible" vers l'alliance et militent pour que le communiqué final aille plus loin que la déclaration de l'an dernier qui affirmait que "le futur de l'Ukraine est dans l'Otan". (Reportage de Trevor Hunnicutt; Reportage supplémentaire d'Andrea Shalal; version française Zhifan Liu, édité par)