* Parly achève au Mali une tournée-éclair au Sahel

* Un message politique pour les autorités maliennes

* La force G5 Sahel, un relais espéré pour Barkhane

par Sophie Louet

BAMAKO-GAO, Mali,1er août (Reuters) - La France plaide pour une relance du processus de paix au Mali, où les violences djihadistes s’intensifient, avec la volonté de relâcher la pression pesant sur l’opération militaire Barkhane.

Déterminé à rompre avec sa surexposition militaire au Sahel, Paris s’active sur deux fronts avec l’objectif d’un désengagement à long terme des 4.000 hommes de Barkhane : le front sécuritaire avec la mise sur les rails de la force du G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger, Tchad) et le versant politique avec l’application des accords de paix et de réconciliation d’Alger de 2015 au Mali.

Au dernier jour d’une tournée-éclair dans la bande sahélo-saharienne, la ministre française des Armées s’est rendue mardi sur la base de Barkhane à Gao, dans le nord du Mali, pour réaffirmer que la lutte anti-terroriste serait encore « longue et difficile » mais que Barkhane pourrait compter sur l’appui opérationnel de la force du G5 Sahel, notamment dans les zones transfrontalières où opèrent les groupes armés.

"Dès le moment où la force conjointe sera rentrée dans la danse, les groupes armés extrémistes ne pourront plus compter sur ces zones de friction", souligne un responsable militaire français.

Les accrochages entre groupes armés, pour certains signataires des accords de 2015, se multiplient dans le Nord malien et gagnent l’ouest du Niger et le nord du Burkina Faso.

Comme lundi à Niamey auprès des autorités nigériennes, Florence Parly et la ministre allemande de la Défense, Ursula von der Leyen, ont voulu s’assurer auprès des Maliens de la bonne mise en œuvre du projet officiellement lancé le 2 juillet à Bamako par Emmanuel Macron aux côtés des dirigeants du G5.

Les deux ministres se sont entretenues à Bamako avec leur homologue malien Tiéna Coulibaly. Florence Parly a également rencontré le commandant de la force G5, le général malien Didier Dacko.

"Il faut veiller à ce que le calendrier soit respecté", explique-t-on dans l’entourage de la ministre des Armées.

"LA SOLUTION N'EST PAS SÉCURITAIRE"

La force du G5 Sahel, dont le coût est évalué à 423 millions d’euros, comptera à terme 5.000 hommes. Les premières opérations devraient être lancées en octobre, a déclaré à Reuters le général Dakho.

La coalition armée, dont les pays participants pourront exercer un droit de suite de 50 kilomètres au-delà de leurs frontières, sera pleinement opérationnelle en mars-avril 2018, précise un haut responsable militaire français.

"C’était encore inconcevable il y a peu, les Européens sont loin d’un tel accomplissement! Il faut susciter le plus possible de contributions, si le soufflé retombe en octobre, l’élan sera brisé", estime-t-il.

"L’accompagnement financier est en retrait par rapport au calendrier opérationnel", relève le général Dakho.

Une conférence des donateurs – Berlin préfère parler de conférence de coordination des moyens – sera organisée en septembre à Berlin, a annoncé lundi Florence Parly.

"Ce mécanisme d’intervention militaire ne pourra être un succès si le processus politique ne suit pas au Mali", souligne-t-on de source diplomatique française. "On a le sentiment que le président malien n’est pas prioritairement mobilisé sur ces sujets », ajoute-t-on.

La ministre française devait s’entretenir avec Ibrahim Boubacar Keïta, qui s’efforce de relancer le processus de révision de la Constitution de 1992 afin d’honorer certains des engagements de l’accord de paix de 2015 entre le gouvernement et l’ex-rébellion touarègue du Nord.

Ses détracteurs reprochent au nouveau texte fondamental de conférer trop de pouvoirs au président.

"La solution n’est pas sécuritaire. Sans règlement politique, Barkhane n’aura servi à rien", met en garde un responsable militaire français. (Edité par Yves Clarisse)