(Actualisé avec Maison blanche)

MOSCOU, 31 janvier (Reuters) - La Maison blanche a sommé vendredi la Syrie d'accélérer le transfert de son arsenal chimique, qui a pris du retard de façon injustifiée, selon l'Onu.

La Russie avait auparavant réfuté les accusations de Washington, pour qui Damas traîne les pieds délibérément.

"La Syrie doit prendre immédiatement les mesures nécessaires pour se conformer à ses obligations", a déclaré Jay Carney, porte-parole de la présidence des Etats-Unis.

"Nous savons tous que le régime syrien a la capacité de transporter ces armes. Nous allons continuer à coopérer avec nos partenaires pour maintenir le régime d'Assad sous pression", a-t-il poursuivi, sans évoquer les conséquences en cas de statu quo.

"Toutes les indications que nous avons laissent supposer qu'il n'y a pas de raison légitime pour que (ce transfert) n'ait pas lieu immédiatement", avait auparavant déclaré le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui devait rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov à Munich.

"Nous voulons que le régime syrien respecte ses engagements et il est essentiel que toutes les armes chimiques réparties sur 12 sites ou plus soient rapidement transférées vers le port (de Lattaquié) afin qu'elles soient expédiées hors de Syrie."

Mikhaïl Oulianov, chef du département "sécurité et désarmement" au ministère russe des Affaires étrangères a quant à lui assuré que la date limite du 30 juin fixée pour la destruction des armes chimiques syriennes restait "tout à fait" réaliste malgré les retards.

4,1% DU TOTAL TRANSFÉRÉ HORS DE SYRIE

Ces retards, a-t-il poursuivi, sont dus aux problèmes de sécurité sur la route qui conduit au port syrien de Lattaquié et à l'"insuffisance" du soutien logistique de la communauté internationale à Damas, rapporte l'agence de presse russe Interfax.

Damas a accepté l'an dernier de détruire son arsenal chimique dans le cadre d'un accord négocié par les Etats-Unis et la Russie après le bombardement au gaz sarin du 21 août qui a fait plusieurs centaines de morts dans un faubourg de la capitale syrienne.

De sources proches du dossier, Reuters a appris mercredi que la Syrie avait transféré moins de 5% de ses armes chimiques à l'étranger et qu'elle ne respecterait pas la date limite fixée au 5 février pour le transfert de l'ensemble de son arsenal.

Deux cargaisons seulement représentant 4,1% des 1.300 tonnes de produits servant à la fabrication d'armes chimiques que Damas a dit détenir sont parties en janvier du port de Lattaquié, indiquait-on de même source.

Cette proportion a été confirmée jeudi dans une déclaration remise par les Etats-Unis à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), chargée de superviser le processus.

Ce retard a provoqué jeudi l'inquiétude des Etats-Unis et de la France, deux pays qui étaient fin août sur le point de recourir à la force en représailles à l'attaque du 21 août avant que l'accord sur les armes chimiques n'apaise la situation.

Dans un rapport daté du 27 janvier, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a indiqué que le transfert à l'étranger de l'arsenal chimique syrien avait été retardé sans raison et a appelé le régime de Bachar al Assad à accélérer le processus. (Steve Gutterman, avec Michelle Martin; Guy Kerivel, Clémence Apetogbor et Jean-Philippe Lefief pour le service français)