Buenos Aires (awp/afp) - L'économie argentine a poursuivi son ralentissement en mars, sur fond de sévère politique d'austérité du gouvernement ultralibéral de Javier Milei, avec une contraction cumulant -5,3% au premier trimestre.

L'indice mensuel d'activité économique (Imae) publié mercredi par l'Institut national de la statistique (Indec), s'est établi à -1,4% en mars par rapport à février, soit le cinquième mois consécutif de contraction, et à -8,4% en interannuel.

L'industrie manufacturière, le bâtiment, le commerce, ont connu les plus forts reculs, tandis que l'agriculture émerge en positif, prévisible avec l'impact des récoltes récentes ou en cours pour les grandes productions (soja, blé) agro-exportatrices de l'Argentine.

Le gouvernement de Javier Milei, au pouvoir depuis décembre, a appliqué d'emblée un drastique programme d'austérité budgétaire tous azimuts, dans un objectif de "déficit budgétaire zéro" à fin 2024, et ainsi de dompter l'inflation chronique (211% en 2023).

De grands comptes s'équilibrent, et le gouvernement claironne "l'exploit historique" d'un excédent budgétaire au premier trimestre, sans précédent depuis 2008. Et une inflation toujours haute mais en décélération: de 25% en décembre à 8,8% en avril.

Mais les coupes budgétaires -paralysie des chantiers publics notamment- couplées à une brutale dévaluation (54%) du peso en décembre, ont étranglé le pouvoir d'achat, un impact qui se répercute sur la consommation, l'activité, l'emploi.

"Sans aucun doute, la trajectoire suivie par le niveau d'activité évoque déjà d'une récession", diagnostique pour l'AFP Joël Lupieri, économiste au cabinet de conseil EPyCA.

Selon le cabinet Equilibria, 1,4% du total des emplois ont été perdus au premier trimestre, soit environ 240.000.

Le Fonds monétaire international (FMI) a salué récemment les "progrès plus rapides qu'anticipé dans la restauration de la stabilité macroéconomique" par les autorités argentines, et estimé que la 3e économie d'Amérique latine devrait "recommencer à croître au second semestre". Il a aussi appelé Buenos Aires à garantir que l'assistance sociale "soit suffisante et bien orientée pour protéger les plus vulnérables".

La pauvreté, selon des chiffres officiels semestriels, touchait 41,7% des Argentins à fin 2023, soit avant même l'impact des mesures d'austérité.

afp/rp