ANKARA, 19 janvier (Reuters) - Deux journalistes turcs de premier plan, arrêtés pour appartenance à une organisation terroriste et atteinte à la sûreté de l'Etat, affirment dans un message adressé à Reuters que leur interpellation avait pour but de lancer un avertissement à la presse tout entière.

Can Dundar et Erdem Gul, rédacteur en chef et correspondant à Ankara de Cumhuriyet, un quotidien classé à gauche, ont été mis en prison le 26 novembre après la diffusion d'images montrant selon eux l'implication des services de renseignement turcs dans des livraisons d'armes en Syrie.

Le président Recep Tayyip Erdogan, que ses alliés de l'Otan prient de contribuer davantage à lutte contre les djihadistes de l'Etat islamique, assure qu'il s'agit d'une manoeuvre destinée à discréditer la Turquie sur le scène internationale.

"Notre arrestation est clairement un message adressé aux journalistes pour leur dire : 'N'écrivez pas'. C'est un appel non déguisé à l'autocensure", écrivent les deux hommes dans cette lettre manuscrite transmise par fax.

Leurs ennuis judiciaires, qui ont donné lieu à des manifestations, notamment à Istanbul, ont également été dénoncés par plusieurs responsables européens et américains. (Gulsen Solaker, Jean-Philippe Lefief pour le service français)