(Actualisé avec précisions, commentaires de la Grèce)

ISTANBUL/ANKARA, 27 janvier (Reuters) - La Turquie a demandé vendredi à la Grèce de revoir sa décision de ne pas extrader huit militaires qui se sont réfugiés en Grèce après le coup d'Etat manqué de juillet dernier et a menacé de prendre des mesures de représailles, notamment de mettre fin à un accord conclu avec Athènes sur les migrants.

La Cour suprême grecque s'est opposée jeudi à l'extradition des huit militaires turcs, qui ont demandé l'asile politique, en soulignant qu'ils craignaient pour leur vie en Turquie. Ankara les considère comme impliqués dans le putsch manqué du 15 juillet et les considère comme des traîtres.

"Nous avons demandé que les huit soldats soient jugés une nouvelle fois. C'est une décision politique, la Grèce protège et abrite des conspirateurs", a déclaré le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, à la chaîne de télévision TRT Haber.

"Nous étudions ce que nous pouvons faire. Il y a un accord migratoire que nous avons signé, qui comprend un accord de réadmission avec la Grèce, et nous sommes en train d'étudier ce que nous pouvons faire, y compris l'annulation de l'accord de réadmission avec la Grèce", a ajouté le ministre.

L'accord bilatéral de réadmission permet aux autorités grecques de remettre à leurs homologues turques les migrants entrés illégalement en Grèce.

Interrogée sur le risque de voir la Turquie annuler également l'accord conclu avec l'Union européenne, une porte-parole de la Commission européenne s'est dite "confiante" dans le fait qu'il continuerait de s'appliquer.

Les services du Premier ministre grec Alexis Tsipras ont répondu jeudi et vendredi aux commentaires de la Turquie en expliquant que les putschistes n'étaient pas les bienvenus en Grèce mais que la justice grecque était indépendante et que les décisions de justice devaient être respectées.

"Le gouvernement grec a condamné avec véhémence (...) la tentative de coup d'Etat et a soutenu le gouvernement démocratiquement élu dans notre pays voisin", a déclaré le bureau d'Alexis Tsipras.

Il a ajouté qu'"en Grèce, la seule autorité pour les décisions pertinentes est le système judiciaire grec indépendant, dont les verdicts sont à l'évidence contraignants".

Les relations entre la Grèce et la Turquie se sont améliorées avec le temps, mais les deux voisins ont encore des différends territoriaux, notamment à propos de Chypre. Les deux ont été au bord de la guerre en 1996 à propos d'un îlot inhabité.

Les huit militaires réclamés par la Turquie - trois commandants, trois capitaines et deux sergents-majors - sont arrivés par hélicoptère le 16 juillet en Grèce où ils ont demandé l'asile en disant craindre pour leur vie.

Ils nient toute implication dans la tentative de putsch, qui a été suivie de vastes purges dans l'armée et la fonction publique, notamment.

La justice grecque les a condamnés en juillet dernier à deux mois de prison avec sursis pour être entrés illégalement sur le territoire grec. (Ece Toksabay et Tuvan Gumrukcu et Renée Maltezou, avec Jan Strupczewski et Gabriela Baczynska à Bruxelles; Nicolas Delame et Danielle Rouquié pour le service français)