(Complété § 10-11 avec président tchadien)

par Jean Rovys Danany

LIBREVILLE, 11 janvier (Reuters) - Le gouvernement et les rebelles centrafricains du Séléka ont signé vendredi à Libreville un accord de cessez-le-feu prévoyant la formation, à compter de samedi, d'un gouvernement d'union nationale.

Cet accord a été paraphé après trois jours de pourparlers dans la capitale gabonaise sous l'égide des pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC).

Il est censé mettre fin à une insurrection armée de plus d'un mois qui se rapprochait ces derniers jours de la capitale centrafricaine, Bangui.

L'accord de Libreville prévoit également la dissolution de l'Assemblée nationale.

"C'est un bon accord pour ramener la paix", a déclaré par téléphone Eric Massi, porte-parole du Séléka. "Mais le cessez-le-feu dépendra du respect de plusieurs de nos demandes, et nous jugerons de la sincérité de M. Bozizé dans les jours à venir."

Parmi les demandes formulées par la coalition du Séléka figurent la libération de prisonniers politiques et une révision de la Constitution qui priverait le président Franois Bozizé de certains de ses pouvoirs, notamment de celui de renvoyer le Premier ministre.

A l'ouverture des négociations mercredi, les rebelles s'étaient dits prêts à examiner les moyens de parvenir à une transition politique tout en excluant pourtant le maintien au pouvoir du chef de l'Etat.

Ils avaient notamment distribué un document demandant qu'il soit poursuivi devant la Cour pénale internationale de La Haye pour "actes de crimes de guerre et crimes contre l'humanité perpétrés contre des civils dans le nord et le nord-est (du pays) en 2002", faisant référence à la rébellion qui l'a porté au pouvoir.

François Bozizé s'est dit quant à lui prêt la semaine dernière à partager le pouvoir avec eux jusqu'à la fin de son mandat en 2016, tout en promettant qu'il ne se représenterait pas.

D'après le président tchadien Idriss Déby, qui était présent à la cérémonie de Libreville, l'accord de vendredi autorise François Bozizé à terminer son mandat, qui expire en 2016.

"Nous n'avons pas porté atteinte à l'intégrité de la Constitution de la République centrafricaine. Le président Bozizé a été élu pour un mandat de cinq ans et il devrait le remplir jusqu'à son terme", a-t-il assuré aux journalistes.

Neuf partis de l'opposition centrafricaine, qui participent également aux pourparlers, avaient eux aussi réclamé mercredi le départ du président Bozizé, l'accusant d'avoir falsifié les élections en 2005 et 2011 et d'avoir isolé le pays. (voir )

Arrivé au pouvoir à la faveur d'une insurrection en 2003, François Bozizé a remporté les élections présidentielles en 2005 et 2011, entachées de fraudes selon l'opposition, et a réussi à se maintenir au pouvoir grâce à une assistance militaire étrangère, notamment de la part de chefs d'Etats de la région.

La France, ancienne puissance coloniale, qui était intervenue en 2006 à la demande du président cerntrafricain, a décidé cette fois de ne pas s'immiscer dans le conflit. Paris dispose de 600 soldats sur le terrain chargés de la sécurité de quelque 1.200 ressortissants français. (avec Richard Valdmanis à Dakar; Jean-Loup Fiévet et Hélène Duvigneau pour le service français)