NATIONS UNIES, 7 avril (Reuters) - Les ambassadeurs de France et du Royaume-Uni auprès des Nations unies ont justifié l'action militaire unilatérale menée par les Etats-Unis contre le régime syrien vendredi à l'occasion d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité consacrée à ce raid inédit en six ans de guerre civile.

"Les frappes américaines sont une réponse légitime aux attaques chimiques en Syrie et un important message pour le futur", a déclaré le représentant permanent de la France, François Delattre.

Estimant que Bachar al Assad avait pour "objectif ultime l'anéantissement de sa population et de tous ceux qui lui résistent", le diplomate français a estimé que le raid américain était essentiel pour dissuader le président syrien.

"Les frappes américaines en Syrie peuvent changer la donne et encourager les négociations politiques", a-t-il ajouté.

Son homologue britannique Matthew Rycroft a jugé que ces frappes constituaient une "mise en demeure" pour Bachar al Assad, qu'il a qualifié de "criminel de guerre".

Les Occidentaux accusent le régime syrien d'avoir bombardé à l'arme chimique mardi le village de Khan Cheikhoune, dans le nord-ouest de la Syrie, faisant au moins 70 morts. Damas et son allié russe nient toute responsabilité.

Moscou, qui a usé à sept reprises de son droit de veto pour protéger le gouvernement syrien, avait jugé "inacceptable" jeudi un projet de résolution condamnant l'attaque au gaz.

Devant les Quinze, le vice-ambassadeur russe à l'Onu, Vladimir Safronkov, a condamné fermement le raid américain, qualifié d'illégitime, dont les conséquences pourraient être "très graves" pour la stabilité régionale et internationale.

François Delattre et Matthew Rycroft ont tous deux dénoncé l'attitude de Moscou.

"La Russie a failli à ses engagements et responsabilités en n'exerçant pas les pressions nécessaires sur le régime de Damas", a déclaré l'ambassadeur français.

"Sans les sept vetos de la Russie au Conseil de sécurité, Assad aurait subi des sanctions", a estimé Matthew Rycroft. (Michelle Nichols; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)