par Claude Canellas

BORDEAUX, 4 juin (Reuters) - Sans grand espoir de faire un meilleur score lors des législatives que comme candidat à l'élection présidentielle, Philippe Poutou laboure la 5e circonscription de la Gironde qui couvre le très rural Médoc et met la main à la pâte.

Malgré un petit score réalisé lors du premier tour de la présidentielle (1,15%) comme candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, l'ouvrier de Ford à Blanquefort, délégué CGT qui mena le combat pour sauver son usine, a repris son bâton de pèlerin pour aller porter la parole de l'anticapitalisme dans des terres médocaines qu'il connaît bien.

Il s'était déjà engagé en 2007 dans cette même circonscription sous l'étiquette de la LCR. Il avait recueilli 2,70% des voix au premier tour et sur la base des votes en sa faveur lors de la présidentielle, soit environ 15% de bulletins en plus, il peut toujours espérer légèrement mieux.

"On sait qu'on n'a pas beaucoup de chances d'être élu car il n'y a pas de loi sur la proportionnelle. Mais on a à se faire entendre, on a des choses à dire, dans la continuité de la présidentielle", dit celui qui se veut avant tout l'un des 366 candidats du NPA qui, comme lui, n'entreront pas à l'Assemblée.

On peut croiser Philippe Poutou, en dehors de ses heures de travail, seau de colle et pinceau à la main, en train de poser des affiches, l'occasion de rencontrer des électeurs qui reconnaissent cet homme qui s'était illustré par sa candeur lors de la campagne pour l'élection présidentielle.

NOTORIÉTÉ NOUVELLE

"Maintenant on me reconnaît dans la rue. Les gens viennent vers moi assez facilement pour parler politique. Même ceux qui ne partagent pas mes idées viennent parfois me saluer", raconte-t-il dans un sourire qui le quitte rarement.

Philippe Poutou espère qu'après avoir combattu Nicolas Sarkozy, sa notoriété nouvelle lui permettra de peser un peu plus face à la droite, Front national et UMP réunis.

Le patron du FN en Gironde, Jacques Colombier, laboure les mêmes terres, et Marine Le Pen y a fait une poussée significative lors de la présidentielle, comme dans le canton de Pauillac où elle est arrivée en tête avec 27,73% des voix.

Philippe Poutou estime que le FN fait son nid dans le Médoc sur "la question de l'absence de services publics, le chômage plus élevé qu'ailleurs sans présence d'industrie sauf dans la partie la plus proche de Bordeaux, les emplois agricoles mal payés et pour les plus durs souvent confiés à des immigrés".

"Colombier pourrait se retrouver au second tour dans une triangulaire avec l'UMP et le PS", craint-il.

Pour lui, la priorité est donc de battre la droite, y compris le candidat UMP David Gordon-Krief, qui veut reprendre à la gauche un siège conquis il y a cinq ans, quitte à appeler à voter au deuxième tour pour la sortante Pascale Got.

Mais ce combat ne modifie pas sa vision des socialistes dont pour lui "il ne faut rien attendre".

"L'élection de François Hollande ne va pas changer grand-chose à la situation dans notre pays", regrette le candidat d'extrême gauche qui n'espère le changement que "par la révolte de ceux qui souffrent". (Edité par Yves Clarisse)