Lors de sa première audition par la commission des Services financiers de la Chambre des représentants depuis sa reconduction à la tête de la Fed le mois dernier, il a dressé un tableau globalement sombre de l'état de l'économie américaine en dépit de signes récents de rebond de la croissance.

"Nonobstant les signaux positifs, le marché du travail reste très faible", a-t-il dit.

La Fed, a-t-il ajouté, "continue d'anticiper que la situation économique (...) devrait garantir un niveau exceptionnellement bas du taux des fonds fédéraux pendant une période prolongée".

Le successeur d'Alan Greenspan a également indiqué être prêt à continuer de soutenir l'économie pendant encore quelques temps par le biais de mesures exceptionnelles.

Il a toutefois prévenu que la Fed disposait d'un large éventail d'outils pour pouvoir supprimer de telles mesures le moment venu.

"La Réserve fédérale devra, à un moment donné, commencer à durcir les conditions monétaires", a-t-il averti.

Après avoir faibli au moment du discours de Ben Bernanke, mais sans doute davantage en raison de la chute inattendue des ventes de logements neufs aux Etats-Unis, Wall Street est reparti en forte hausse ramenant avec lui les Bourses européennes en territoire positif.

LA NORMALISATION VIENDRA

Les investisseurs s'étaient montré inquiets quant à la politique monétaire de la Fed après le relèvement inattendu d'un quart de point du taux d'escompte jeudi dernier, certains craignant qu'il n'augure d'une hausse plus prochaine qu'attendu jusqu'alors du taux cible des fonds fédéraux ("fed funds").

Sur ce point, Ben Bernanke a répété ce que la Fed avait déjà dit, à savoir que le relèvement du taux d'escompte viser à normaliser un peu plus les facilités de crédit de la Réserve fédérale, et n'augurait en rien d'un resserrement de sa politique monétaire.

Parmi les options dont dispose la banque centrale américaine pour engager un tel resserrement, Ben Bernanke a évoqué la possibilité d'opérations de drainage des réserves des établissements financiers, qui pourraient passer par une facilité de dépôts à terme.

Un tel mécanisme inciterait les banques à déposer leurs fonds auprès de la banque centrale et pourrait être opérationnel rapidement après avoir été testé au printemps, a déclaré Ben Bernanke.

Prenant acte des efforts du Congrès pour réviser la régulation financière dans le sillage de la crise, il a exhorté les élus à préserver la confidentialité des banques qui viennent emprunter de l'argent en se présentant au guichet de prêts d'urgence de la Fed.

Il a en outre défendu le rôle de supervision de la Fed, qui est menacé par un projet de réforme en cours de discussion au Sénat, en rappelant que les informations glanées lors de la surveillance des banques avaient permis d'orienter sa gestion de la crise.

Mark Felsenthal et Pedro Nicolaci da Costa, Alexandre Boksenbaum-Granier pour le service français, édité par Marc Angrand