* Deux ans de plus pour atteindre les objectifs budgétaires

* Le coût du sursis évalué à E32,6 mds

* Zone euro et FMI divergent sur l'évolution du ratio d'endettement

* Pas de défaut le 16 novembre, E5 mds de dettes seront refinancés

* Nouvelle réunion de l'Eurogroupe le 20 novembre (actualisé avec la conférence de presse de l'Eurogroupe)

par Jan Strupczewski et Annika Breidthardt

BRUXELLES, 12 novembre (Reuters) - Les bailleurs de fonds de la Grèce ont accepté lundi d'accorder deux années supplémentaires à Athènes pour réaliser les économies qu'ils lui réclament mais la zone euro et le FMI restent en désaccord sur l'évolution à plus long terme de la dette publique grecque.

Les ministres des Finances de la zone euro réunis à Bruxelles n'ont pas débloqué la nouvelle tranche de l'aide financière qui maintient à flot l'Etat grec et le délai supplémentaire qu'ils lui ont accordé représente un besoin de financement supplémentaire de près de 33 milliards d'euros selon un document préparé pour la réunion.

"L'Eurogroupe conclut que les objectifs budgétaires révisés demandés par le gouvernement grec et rapportés par la troïka seraient un ajustement approprié", a déclaré Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, lors d'une conférence de presse à l'issue de près de six heures de discussions.

Il a précisé que l'Eurogroupe se réunirait de nouveau le 20 novembre et des officiels ont précisé que de nouvelles discussions seraient nécessaires la semaine suivante avant qu'un accord puisse être bouclé.

Le Parlement grec avait adopté dimanche soir le projet de budget 2013 après avoir validé mercredi un plan d'austérité censé lui permettre d'obtenir le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide de 31,5 milliards d'euros. (voir )

Mais l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) doivent encore s'accorder sur les moyens de rendre la dette publique grecque soutenable sur le long terme.

La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a jugé nécessaires de conforter encore les mesures budgétaires adoptées.

Un rapport de la troïka (la Commission européenne, le FMI et la Banque centrale européenne) estime à 32,6 milliards d'euros d'ici 2016 le coût engendré par l'octroi à Athènes d'un délai de deux ans supplémentaire.

DES POINTS DE VUE DIFFÉRENTS SUR LA DETTE

Les débats sur les moyens de financer cette somme devraient dominer la réunion extraordinaire de l'Eurogroupe la semaine prochaine.

Quoi qu'il en soit, Athènes aura jusqu'en 2016, et non 2014 comme prévu initialement, pour atteindre l'objectif d'un excédent budgétaire primaire de 4,5% du PIB, jugé compatible avec une diminution de la dette.

Christine Lagarde a dit être en désaccord avec Jean-Claude Juncker, qui prône également un report de deux ans, de 2020 à 2022, de l'objectif de retour à un ratio d'endettement de 120% du PIB.

La dette publique grecque devrait représenter 190% de son PIB l'an prochain.

"De notre point de vue, le calendrier approprié, c'est 120% en 2020", a dit Christine Lagarde. "Nous avons clairement des points de vue différents. Ce qui importe au bout du compte, c'est la soutenabilité de la dette grecque afin que ce pays puisse être remis sur pied."

Le FMI a encouragé les gouvernements à renoncer à une partie de leurs créances sur la Grèce mais Berlin, la Commission européenne et d'autres intervenants ont souligné que cette solution n'était pas envisageable sur le plan légal.

"Tous les moyens permettant de réduire la dette de la Grèce sont étudiés et continueront d'être étudiés au cours des prochains jours", a dit Christine Lagarde.

Une fois qu'un accord sur la dette aura été conclu, il devra être validé par chacun des parlements nationaux avant que la prochaine tranche puisse effectivement être déboursée.

Or Athènes a un besoin urgent de cet argent pour payer ses dépenses et rembourser des dettes arrivant à échéance.

Dans l'intervalle, le Trésor grec sera donc autorisé à émettre davantage de papier à court terme.

Cela lui permettra entre autres de rembourser cinq milliards de bons du Trésor arrivant à échéance le 16 novembre.

"Je ne vous dirai pas comment, mais il n'y aura pas de problème le 16 novembre", a dit Jean-Claude Juncker. (Nicolas Delame et Marc Joanny pour le service français, , édité par Marc Angrand)