Le groupe de presse, qui comprend Le Monde et son site internet, les magazines La Vie, Télérama, Courrier international et Le Monde diplomatique et une filiale imprimerie, est étranglé par les dettes et doit trouver plusieurs dizaines de millions d'euros pour assurer son avenir.

Les actionnaires voteront le 14 juin sur le nom du repreneur, qui prendra le contrôle majoritaire du groupe aux dépens de la Société des rédacteurs du Monde.

"A l'évidence, une page de l'histoire du quotidien va se tourner", écrit Eric Fottorino. "Depuis 1951, l'indépendance du journal a procédé du contrôle de sa gérance et de sa ligne éditoriale par la rédaction."

L'ancien reporter affirme que les critères éditoriaux - pas d'intervention de l'investisseur dans les contenus - et économiques - une surface financière assez large pour rembourser et investir - seront prédominants dans le choix.

Selon lui, cinq groupes sont candidats : Le Nouvel Observateur, le groupe de presse espagnol Prisa, propriétaire d'El Pais, le groupe de presse suisse Ringier, associé au Monde dans Le Temps, un trio d'investisseurs composé du banquier Matthieu Pigasse, du mécène Pierre Bergé et du fondateur de Free Xavier Niel, et une autre société étrangère qui souhaite rester anonyme.

Ces candidats s'étaient déjà fait connaître publiquement. Un autre prétendant a été cité, probablement la "société étrangère" dont parle le directeur du Monde : le groupe italien L'Espresso, éditeur du quotidien La Reppublica.

Le patron du Nouvel Observateur a fait un pas en arrière depuis qu'il a pris connaissance des détails financiers.

"Les pertes sont plus importantes que je ne le mesurais, l'imprimerie perd beaucoup d'argent et menace l'équilibre financier du Monde", dit Claude Perdriel dans Libération jeudi.

Selon lui, il ne faudra pas investir 60 millions d'euros mais au moins 20 millions de plus pour redresser l'entreprise, sans compter le coût de son développement.

Claude Perdriel ne se voit pas "y aller seul" et cherche des associés "à hauteur de 30 ou 40%".

Les cas de Ringier, groupe suisse donc soumis à un plafond d'investissement de 20% dans un éditeur français, et de Prisa, lui-même endetté, paraissent compliqués.

Sauf alliances, le trio Pigasse-Bergé-Niel est donc le plus à même de faire une offre.

Selon Le Point et Libération, il a déjà proposé entre 80 et 100 millions d'euros et promet de garantir l'indépendance du quotidien du soir.

Clément Guillou, édité par Sophie Louet