PARIS, 2 février (Reuters) - Les "Gilets jaunes" ont entamé samedi une douzième journée de mobilisation nationale avec la ville de Valence (Drôme) comme épicentre et des défilés parisiens notamment destinés à rendre hommage aux manifestants blessés ces dernières semaines.

Dans la capitale, un rassemblement de plusieurs milliers de personnes déclaré aux autorités a commencé à se former dans le XIIe arrondissement.

Des personnes blessées durant deux mois et demi de contestation - évaluées à 1.700 au total chez les manifestants, selon le ministère de l'Intérieur - ont été placées en tête du cortège, qui devait se diriger vers la place de la République.

"Hommage aux blessés", "Stop", "Violence d'Etat, macronie coupable", "Eteins ta télé, viens nous rencontrer", pouvait-on lire sur des banderoles.

Certains manifestants avaient un patch sur l'oeil marqué d'une cible.

Gilet jaune sur le dos et pansement sur l'oeil, l'un des chefs de file des contestataires blessé samedi dernier à Paris, Jérôme Rodrigues, a filmé la foule juché sur un poteau. Il a été copieusement applaudi par le public.

Une enquête est en cours pour déterminer si sa blessure a pour origine un tir de LBD ou un éclat de grenade de désencerclement.

Le secrétaire d'Etat à l'Intérieur, Laurent Nunez, a averti vendredi que les forces de l'ordre feraient usage, en cas de violences, de leurs "lanceurs de balles de défense" (LBD) autorisés par le Conseil d'Etat, malgré les blessures causées par ces armes intermédiaires.

"Oui, c'est vrai, cette arme de force intermédiaire peut blesser. Mais face aux émeutiers, pour se défendre contre ceux qui les attaquent, les forces de l'ordre en ont besoin", a répété le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, après une réunion sur l'organisation du maintien de l'ordre.

"Si elles en étaient privées, elles n'auraient alors plus d'autre alternative que le corps à corps ou l'usage de l'arme de service", a-t-il ajouté. "Dans le contexte actuel, chacun voit bien où cela pourrait nous mener et je ne le veux pas."

Les LBD ont remplacé les flash-balls dans l'arsenal des forces de l'ordre françaises.

Selon Christophe Castaner, très peu de manifestations annoncées pour samedi en France ont été déclarées.

L'un des abcès de fixation pourrait être la ville de Valence (Drôme) dont le maire, Nicolas Daragon, a déclaré sur BFM TV attendre jusqu'à 10.000 manifestants, dont 10% de casseurs.

Christophe Castaner et Laurent Nunez ont annoncé que le dispositif de maintien de l'ordre de ces dernières semaines serait reconduit mais adapté, avec notamment le soutien, à Paris, de six véhicules blindés à roue de la gendarmerie.

Ces derniers samedis, quelque 80.000 policiers et gendarmes, dont 5.000 dans la capitale, ont été mobilisés.

Les forces de l'ordre ont commencé samedi dernier à expérimenter l'utilisation de caméras couplée avec celle de LBD, pour en contrôler l'usage. "Tout a été filmé, c'est en cours d'exploitation", a dit Laurent Nunez. (Elizabeth Pineau, Johnny Cotton et Emmanuel Jarry, édité par Eric Faye)