(Actualisé avec citation supplémentaire de Merkel §7)

par Jeff Mason et Andreas Rinke

WASHINGTON, 27 avril (Reuters) - Donald Trump n'a donné aucun signe de vouloir assouplir sa position sur l'accord sur le nucléaire iranien vendredi, en martelant lors de la visite à Washington d'Angela Merkel que Téhéran "n'aurait pas la bombe atomique".

"Je ne vais pas disserter sur le fait que j'utiliserai ou pas la force militaire", a dit le président américain pendant une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande.

"Mais je peux vous dire ceci, ils (les Iraniens) ne vont pas fabriquer d'armes nucléaires. Ça je peux vous l'assurer, OK? Ils ne vont pas fabriquer d'armes nucléaires. Vous pouvez compter là-dessus."

Comme le président français Emmanuel Macron cette semaine, Angela Merkel avait dit espérer que sa visite à Washington permettrait d'avancer sur le dossier iranien, alors que Donald Trump a donné aux Européens jusqu'au 12 mai pour "réparer les affreuses erreurs" de l'accord conclu en 2015 à Vienne, le "pire jamais signé par les Etats-Unis" selon lui.

Si les présidents américain et français ont multiplié les gestes de complicité et d'amitié, Emmanuel Macron a admis au moment de quitter Washington ne pas être incité à penser qu'il avait fait changer d'avis son homologue.

Angela Merkel, qui n'a pas réussi à nouer des liens aussi étroits avec l'impétueux Trump, n'a semble-t-il pas réussi à faire davantage bouger les lignes de la Maison blanche, que le nouveau secrétaire d'Etat américain, le "faucon" Mike Pompeo, avait répétées avec force plus tôt dans la journée lors d'une réunion de l'Otan à Bruxelles.

Au côté de Donald Trump, Angela Merkel a rappelé que l'accord de Vienne avait permis de réduire les activités nucléaires de l'Iran et de mieux les contrôler, mais soucieuse de ne pas braquer son hôte, elle a ajouté: "Nous pensons que ce n'est pas suffisant pour être totalement sûr que les ambitions iraniennes sont maîtrisées donc il faut faire plus."

A défaut de percée visible sur l'Iran, la chancelière a tenté d'apaiser les tensions commerciales entre les deux pays, après que Donald Trump a répété devant la presse qu'il entendait "corriger" le déficit commercial des Etats-Unis avec l'Europe.

"Nous avons besoin d'une relation réciproque, que nous n'avons pas. Nous y travaillons et nous voulons qu'elle soit plus juste et la chancelière veut la rendre plus juste", a dit le président américain.

ACCORD COMMERCIAL BILATÉRAL?

Alors qu'Emmanuel Macron a vanté pendant sa visite d'Etat les mérites du multilatéralisme, Angela Merkel a semblé prendre le contre-pied du président français en se disant ouverte à l'idée de négocier un accord commercial bilatéral entre l'Allemagne et les Etats-Unis.

"Nous voulons un commerce respectueux du système commercial multilatéral de l'OMC (Organisation mondiale du commerce) mais nous devons reconnaître que depuis de nombreuses années, l'OMC a été incapable de produire des accords internationaux."

"Je pourrais donc très bien envisager de telles négociations (bilatérales) avec les Etats-Unis", a-t-elle dit, non sans avoir salué au passage la réforme fiscale adoptée en fin d'année dernière par le Congrès américain, estimant qu'elle a augmenté l'attractivité des Etats-Unis pour les investisseurs étrangers.

Avant que la chancelière ne parte pour Washington, Berlin avait dit s'attendre à l'application des tarifs douaniers américains sur les importations d'acier et d'aluminium au 1er mai, date d'expiration de l'exemption temporaire de l'Union européenne. L'Allemagne veut cependant négocier un ensemble de mesures élargi à d'autres industries.

Un responsable de la Maison blanche avait prévenu de son côté que les Etats-Unis mettraient la pression sur l'Allemagne concernant les déficits commerciaux qui "présentent un risque pour la stabilité économique mondiale".

Autre sujet de divergence entre Washington et Berlin le niveau insuffisant des dépenses militaires allemandes et de sa contribution au budget de l'Otan.

Au côté de Donald Trump, Angela Merkel a insisté sur le fait que la part du produit intérieur brut (PIB) consacré par l'Allemagne à ses dépenses militaires allait atteindre 1,3% en 2019, "en hausse par rapport aux années précédentes".

Mais ce chiffre reste nettement inférieur à l'objectif de 2% du PIB fixé par l'Otan, comme l'a rappelé Mike Pompeo à Bruxelles. (Avec Paul Carrel et Andrea Shalal à Berlin, Lesley Wroughton et Robin Emmott à Bruxelles Jean Terzian et Tangi Salaün pour le service français)