WASHINGTON, 2 mars (Reuters) - En annonçant son intention d'imposer de lourds tarifs douaniers sur les importations d'aluminium et d'acier, Donald Trump a suscité un tollé auprès des partenaires des Etats-Unis et malmené les marchés financiers mais il s'est attiré des félicitations inhabituelles d'élus démocrates au Congrès.

"Cette action bienvenue était attendue depuis longtemps pour les aciéries fermées de l'Ohio et pour les ouvriers métallurgistes qui vivent dans la peur que leurs emplois soient les prochaines victimes des triches chinoises", a commenté le sénateur Sherrod Brown, élu démocrate de cet Etat industriel de la "rust-belt" (ceinture de la rouille), région du nord-est du pays marquée par la désindustrialisation.

Autre élu démocrate de l'Ohio, le représentant Tim Ryan, dont la circonscription du nord-est de l'Etat englobe l'ex-"Steel Valley" (vallée de l'acier), a tweeté: "La Chine mange dans notre assiette depuis des décennies. Ces actes vont protéger des emplois bien payés dans l'Ohio et dans tout le pays."

Le sénateur Bob Casey, élu démocrate de l'Etat voisin de Pennsylvanie, a regretté dans un communiqué que l'administration ait attendue trop longtemps pour agir mais a ajouté que l'annonce du président républicain était une "mesure bienvenue".

Trump a déclaré jeudi que les Etats-Unis imposeraient la semaine prochaine des droits de douane de 25% sur leurs importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium afin de défendre l'industrie métallurgique américaine, faisant surgir le spectre d'une guerre commerciale entre les Etats-Unis et leurs partenaires.

A l'inverse, et à front renversé, le camp républicain a plutôt mal accueilli l'annonce de son président.

Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, a appelé Donald Trump à reconsidérer son projet au vu de ses possibles répercussions.

Scott Walker, le gouverneur républicain du Wisconsin, a lui aussi exhorté le président républicain à revoir un projet qui, affirme-t-il vendredi, causera au final plus de torts aux Américains.

Le commerce international est précisément un thème sur lequel Donald Trump s'est constamment inscrit en faux contre la doxa du Parti républicain, adepte du libre-échange.

En mettant en avant la défense des emplois aux Etats-Unis et en dénonçant les accords commerciaux négociés par ses prédécesseurs, il a devancé sa rivale démocrate Hillary Clinton dans l'Ohio, en Pennsylvanie, dans le Michigan et le Wisconsin, construisant dans ces Etats du "rust-belt" son accession à la Maison blanche.

L'an dernier, des sénateurs démocrates avaient dévoilé un projet commercial insistant sur la nécessité de protéger l'emploi américain de la compétition internationale et accusant la Chine d'une "triche commerciale" menaçant les emplois américains: des termes que Trump a utilisés lui aussi.

Souvent critique de la politique menée par le 45e président des Etats-Unis, le sénateur démocrate de l'Oregon, Ron Wyden, s'est dit heureux que Trump "reconnaisse l'importance de se saisir de ces défis et ait finalement l'intention d'agir". (Susan Cornwell Henri-Pierre André pour le service français)