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Londres (awp/afp) - L'or a aggravé ses pertes cette semaine, jusqu'à signer vendredi un nouveau plus bas depuis début avril, le métal jaune souffrant toujours de l'appréciation du dollar sur fond de probabilité accrue d'une nouvelle hausse des taux de la Fed dès juin.

"L'or a chuté vers un plus bas en huit semaines en cours de séance vendredi, dans le sillage de la douloureuse combinaison d'un dollar fort et des espoirs élevés d'une hausse des taux américains, ce qui a sérieusement émoussé l'attrait du métal" jaune, a expliqué Lukman Otunuga, analyste chez FXTM.

L'once de métal jaune est ainsi tombée vendredi vers 02H40 GMT jusqu'à 1.211,54 dollars, un minimum depuis le 1er avril.

Pour les analystes de Commerzbank, le déclin de l'or s'expliquait par un certain nombre de facteurs, au premier rang desquels les attentes croissantes du marché de voir la banque centrale américaine (Fed) procéder dès cet été à un nouveau resserrement monétaire, après un premier relèvement de ses taux depuis dix ans en décembre, une perspective qui bénéficie au dollar.

Ce dernier a en effet profité depuis le 18 mai, date de la publication du compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed, d'une série de signaux positifs tant du côté des indicateurs que de la banque centrale américaine elle-même, laissant penser qu'un relèvement supplémentaire de ses taux était désormais possible à court terme, ce qui rendrait le dollar plus rémunérateur.

Or, tout renforcement du dollar compromet à l'inverse les achats d'or, libellés dans cette devise et donc rendus plus chers pour les investisseurs munis d'autres monnaies.

A ce titre, après des allocutions jeudi de deux responsables d'antennes régionales de la Fed, qui se sont montrés plutôt optimistes sur la possibilité d'un relèvement des taux dès cet été, le marché était surtout focalisé sur un discours de Janet Yellen, présidente de l'institution, attendu ce vendredi.

Plus généralement, le métal jaune souffrait d'un regain d'appétit pour le risque sur les marchés financiers à la faveur, d'une part, de la conclusion d'un accord entre les ministres des Finances de la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) sur la poursuite de l'aide financière à la Grèce et, d'autre part, de la progression dans les sondages du camp favorable au maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne avant un référendum sur le sujet le 23 juin.

"Compte tenu du niveau élevé d'intérêt spéculatif et des attentes ravivées autour de la hausse des taux de la Fed, nous estimons qu'il y a un potentiel à court terme pour que le prix de l'or tombe en dessous des 1.200 dollars l'once", ont estimé les analystes de Commerzbank.

Ceux-ci ne s'attendaient toutefois pas à ce que les prix chutent durablement en-deçà de ce seuil, jugeant qu'un tel niveau de prix bas était susceptible d'être considéré par les investisseurs comme une opportunité intéressante d'achat.

- Reprise tardive du palladium -

Emboîtant le pas à l'or, dont il est vu comme une alternative bon marché, l'argent s'est également enfoncé cette semaine sous le poids de l'appréciation du dollar, chutant vendredi jusqu'à 16,13 dollars, un minimum en près d'un mois et demi.

"Avec les attentes grandissantes qui entourent une hausse des taux d'intérêt de la Fed en juin ou juillet, les investisseurs baissiers pourraient installer un autre cycle de vente" sur ce métal, a fait valoir M. Otunuga.

De son côté, le platine a suivi une trajectoire similaire à celle de l'or et de l'argent, creusant ses pertes sur la semaine, jusqu'à tomber vendredi à 982,13 dollars, un minimum en plus de cinq semaines.

Le palladium, dont l'utilisation industrielle est plus prononcée, a en revanche réussi à se reprendre en fin de semaine, dans le sillage des métaux de base, après avoir chuté mercredi jusqu'à 523,82 dollars, au plus bas depuis début mars.

A plus long terme néanmoins, les analystes de la Société Générale se montraient optimistes sur les perspectives des métaux platinoïdes, jugeant que des déficits attendus cette année tant sur le marché du platine que sur celui du palladium devraient soutenir les prix.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1.216,25 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1.254,20 dollars le vendredi précédent.

L'once d'argent a clôturé à 16,30 dollars, contre 16,56 dollars il y a sept jours.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 984 dollars, contre 1.025 dollars sept jours plus tôt.

L'once de palladium a terminé pour sa part à 546 dollars, contre 567 dollars à la fin de la semaine précédente.

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