* Le Premier ministre maintient la pression sur la CGT

* Les syndicats "devraient annuler les rassemblements"

* Fin de non recevoir de la CGT

* Chacun juge l'autre responsible des violences (Actualisé avec Cazeneuve,)

PARIS, 19 juin (Reuters) - Le gouvernement continue de faire planer la menace d'une interdiction des rassemblements prévus jeudi, à l'occasion d'une nouvelle journée de mobilisation contre le projet de loi Travail que les syndicats opposés au texte ne comptent pas annuler.

Dans une interview au Journal du Dimanche, Manuel Valls indique qu'il y aura des discussions sur le sujet dans les prochains jours entre les organisateurs et la préfecture de police de Paris et que le gouvernement "prendra ses responsabilités" s'il le faut.

"Compte tenu de la situation, des violences qui ont eu lieu, de l'attentat odieux contre le couple de policiers mais aussi de la tenue de l'Euro, les organisateurs devraient annuler eux-mêmes ces rassemblements. C'est du bon sens!", dit le Premier ministre, ajoutant que "la CGT doit sortir de l'impasse".

"Le principe de notre droit, c'est la liberté de manifester. La responsabilité du gouvernement, c'est s'assurer que les conditions de sécurité sont remplies", poursuit-il.

"Or c'est un fait: des syndicalistes peuvent agir avec des casseurs, c'est inadmissible. Les organisateurs ne veulent pas prendre leurs responsabilités, se désolidariser clairement des violences, si nous constatons que ces manifestations font peser de nouveau un danger pour les forces de l'ordre et les biens publics, alors le gouvernement prendra ses responsabilités."

Manuel Valls prend par ailleurs la défense des forces de l'ordre face aux accusations de violence policière venant des opposants au projet de loi et dément fermement qu'elles aient reçu pour consigne de laisser les casseurs agir.

"Alors que deux policiers viennent d'être sauvagement assassinés, je supporte encore moins les insinuations concernant notre police républicaine sur des prétendues consignes de laisser-faire pour discréditer le mouvement ou sur les soi-disant violences policières", ajoute le chef du gouvernement.

MOBILISATION MAINTENUE

Depuis plusieurs jours, l'exécutif et les syndicats hostiles à la réforme portée par Myriam El Khomri se rejettent la responsabilité des débordements.

Dans la matinée, le numéro un de la CGT a réaffirmé que le problème venait selon lui de consignes de non-intervention données à la police, à quoi le ministre de l'Intérieur a répondu en accusant Philippe Martinez de "travestir sciemment (les) orientations claires, écrites, données aux préfets".

"Le mardi 14 juin, des militants de la CGT ont pris violemment à partie les forces de l'ordre", peut-on lire dans un communiqué de Bernard Cazeneuve.

Quoi qu'il en soit, Philippe Martinez a redit lors du Grand rendez-vous iTELE-Europe 1-Le Monde qu'il n'était pas question d'annuler la journée d'action de jeudi, ni la suivante prévue le 28 juin.

"Tant que nous aurons ce problème avec le texte du gouvernement, et il existe encore, (...) ce sera maintenu", a-t-il déclaré. "C'est au gouvernement de donner des signes de volonté de sortie de crise", a insisté le secrétaire général de la CGT.

"L'été, tout le monde a besoin de se reposer, mais il y aura des formes de mobilisation", anticipe-t-il par ailleurs.

Cette semaine, le Premier ministre a laissé entendre que le gouvernement pourrait interdire des manifestations après les violences qui ont émaillé celle de mardi à Paris contre le projet de loi.

Une partie de l'opposition de droite plaide en ce sens.

Le député Les Républicains Jean-François Copé a estimé sur BFM TV qu'"on ne pouvait pas, quand on était président de la République, prendre le risque une nouvelle fois de débordements graves".

"Maintenant, il faut vraiment prendre des décisions d'autorité. On ne peut pas continuer comme ça", a encore dit le candidat à la primaire de la droite en vue de la présidentielle de 2017.

Interrogé lors du Grand jury RTL-LCI-Le Figaro, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a quant à lui affirmé qu'il aurait interdit les manifestations "depuis longtemps". (Yann Le Guernigou et Simon Carraud)